Les meilleurs films de 2025 selon takeshi29

Annotation :

"Pepe" est le truc le plus fou que j'ai vu depuis bien longtemps, pour situer à côté "Eureka" de Lisandro Alonso est totalement limpide, c'est forcément un objet plus que clivant mais qui peut vous absorber littéralement si vous vous laissez aller. Récompensé par l'Ours d'argent de la meilleure réalisation, le Dominicain Nelson Carlo de Los Santos Arias fait absolument tout sur son film, jusqu'à la musique, fascinante comme le reste.

Le premier (faux) biopic sur un hippopotame est pour le moment le film qui trône tout en haut de mon Top 2025, oserez-vous tenter l'expérience ?

Annotation :

Voici donc un film somalien que je n'avais pas vu venir et qui m'a subjugué au point de le placer sur mon podium (forcément provisoire) 2025.

Le fond tout d'abord : si on quitte les personnages ce n’est jamais vraiment car on les sent curieusement exister, évoluer hors champ. Le rythme des dialogues, les pauses permettent de profiter de chaque cadre, chaque rayon de soleil, chaque nuance de couleur. Oui en parlant du fond j'ai très vite glissé vers la forme, et c'est tout à fait logique, car ici les deux sont indissociables, d'une cohérence absolue. Car sous l'apparente économie il y a une richesse folle, dans le mot et dans l'image.

On est loin du conte africain un peu naïf, face à un tel objet le spectateur occidental ne pourra pas aimer par condescendance ou pour un certain exotisme, il devra s'incliner devant une pièce majeure, tout simplement un grand film. Est-ce pour cela, parce qu'il ne pouvait porter sur ce "Village aux portes du paradis" aucun regard surplombant, que le jury d'Un Certain Regard n'a pas cru bon de l'inscrire à son palmarès ? Je ne leur ferai pas de procès d'intention mais parfois notre inconscient parle.

Annotation :

Si la mer est loin les larmes sont proches... (cf critique)

Annotation :

« Vas-y taureau, res ta putain de mère ! » (Ou le taureau hélé)... (cf critique)

Annotation :

Comment peut-on er de "Vox Lux", film pas si mal mais loin d'être inoubliable, à une œuvre monstre sortie de nulle part comme 'The Brutalist" ? Je le dis d'emblée, je comprendrai parfaitement ceux qui verront dans ce film plus un objet malin que génial, mais perso j'ai été happé dès les premières secondes, j'ai écarquillé les yeux (et les oreilles) cinquante fois, j'ai iré les transitions, les ellipses, la manière de parler du sort des juifs dans l'Histoire sans jamais rien montrer, d'architecture comme bien peu avant lui, je voudrai revoir là tout de suite la scène de la carrière de marbre pour revivre ce frisson qui m'a parcouru en découvrant comment Corbet travaillait la notion d'espace, comment il utilisait la désynchronisation pour donner le vertige. Il y aurait tant à dire sur ce que "The Brutalist" embrasse comme sujets, sur la manière dont il donne l'illusion de raconter une vraie vie, dont il sème les cailloux pour mieux nous émouvoir avec la scène finale. Et comment ne pas évoquer Adrien Brody, acteur qui ne me ionne pas plus que ça mais qui ici est juste incroyable, ou Guy Pearce en patriarche qui pourrait sortir de "Festen".

Un petit conseil cependant : allez voir ce film en salle, sous peine de ne pas être apte à le juger, car il doit se vivre ainsi, comme une expérience partagée, avec cet entracte de 15 minutes, avec le VistaVision qui n'a de sens que sur très grand écran, avec le travail dingue sur le son à laquelle participe une partition musicale qui vous secoue. C'est du cinéma, à voir au... cinéma.

Depuis hier quelques mots résonnent en moi : « Nous vous tolérons »...

Annotation :

Boudés par le jury cannois ces "Feux sauvages" auraient très bien pu être ma Palme d'or. Parce qu'au-delà d'un art du montage prodigieux il y a dans ce nouveau Jiǎ Zhāng-Kē une ode au souvenir, au cinéma, à l’Histoire d’un pays en mutation. Et bien entendu il y a le regard d'un cinéaste amoureux, qui nous donne à voir une femme, une muse déambulant dans une filmographie qui même fragmentée fait sens et finit par créer un récit à part entière. Et que c'est beau de voir un personnage autant qu'une actrice vieillir sous l’œil d'une caméra et donc sous celui du spectateur.

Durant toute la projection j'étais persuadé que ce film était terriblement excluant pour qui ne possédait pas les clés du cinéma de JZK, sentiment renforcé par le départ d'un membre du public en cours de route. Mais aujourd'hui une personne m'a dit ne rien en connaitre et avoir pourtant été totalement hypnotisée. Comme quoi le plaisir de se perdre peut tout supplanter...

Annotation :

Des paysages incroyables, qui ne sont pas sans rappeler ceux d'un Jiǎ Zhāng-Kē (d'ailleurs acteur dans le film), une ambiance post-apocalyptique qui donne lieu à des scènes d'une beauté sidérante, avec ces meutes de chiens qui semblent tenir la porte des enfers. Guǎn Hǔ, jusqu'ici spécialiste de produits très commerciaux, signe un drôle de film, où la fureur succède au silence, où un personnage mutique trouvera sa voix/voie, son humanité grâce à l'animal traqué. Ce "Black Dog" m'a beaucoup touché, j'espère qu'il en sera de même pour vous.

Annotation :

Wáng Bīng continue à documenter son pays, et c'est toujours aussi fascinant à voir. Là où le premier volet, "Le Printemps", avait quelque chose d'étonnamment lumineux, celui-ci, comme son titre l'indique, révèle une face plus sombre de ces ateliers textiles, laissant moins de place à cette vision d'une jeunesse assez innocente. A l'heure de la fast fashion chaque lycée devrait er une petite heure de ces "Tourments" à tous nos ados, pour qu'ils voient de manière concrète le revers de la médaille...

Annotation :

Wáng Bīng conclut remarquablement sa trilogie, par son art du montage il parvient à amalgamer tout ce qui faisait les deux premiers volets sans pour autant se répéter. Cette fois, comme le titre l'indique on va plus au pays, mais les allers-retours avec les ateliers (moins vivants cette fois) sont fréquents. Et comme s'il savait qu'on a besoin d'un brin d'espoir à travers leur énergie, ce sont les jeunes qu'il convoque pour clore ces presque 10 heures de film.

En parlant de durée, si ce "Retour au pays", qui sortira le 9 juillet, est le plus bref de la trilogie il est aussi le plus dense. C'est un constat, pas un jugement, car j'aime aussi particulièrement quand l'un des plus grands documentaristes de notre époque prend tout son temps.

Annotation :

C'est encore plus ionnant et stimulant que "Lumière ! L'aventure commence", ou du moins on mesure encore mieux à quel point tout le cinéma était déjà là dans ces plans séquences de 50 secondes. A chaque fois un genre, une technique de plan qui voient le jour, et forcément pour tout amoureux du septième art une émotion 120 fois renouvelée.

En parlant d'émotion elle fut pour moi à son maximum quand Bertrand Tavernier apparait et regarde la caméra dans le remake de "Sortie d'usine" tourné à Lyon en 2019 par Francis Ford Coppola. Coppola, Tavernier, dont les noms nous seraient restés étrangers sans Louis Lumière, Alexandre Promio, Gabriel Veyre, Constant Girel, Félix Mesguich, Charles Moisson….............

Annotation :

Roberto Minervini revient à la fiction avec un geste d'une grande radicalité qui pourra forcément désarçonner, voire ennuyer. En revanche si on se laisse absorber par ces plans d'une beauté folle, par ces discussions (improvisées par des acteurs non professionnels qui ajoutent à la perte de repère) qui servent à combler l'attente du soldat mais racontent certainement aussi pas mal de choses sur l'Amérique d'aujourd'hui, on e un sacré moment de cinéma qui rappelle bien plus certains grands westerns que le film de guerre annoncé.

Souvent les palmarès des sections parallèles cannoises sont à regarder de plus près que celui de la compétition officielle, et ce Prix de la mise en scène à Un Certain Regard était bien mérité.

Annotation :

"Vermiglio" est probablement le film le plus élégant sorti ce mercredi, celui qui dresse les plus beaux portraits de femmes sans jamais tomber dans la thèse féministe, celui qui réconcilie les grandes chroniques familiales d'antan à la modernité du propos. Ce Lion d’argent à la dernière Mostra est à la fois intime et vaste, il utilise magnifiquement la beauté de la nature sans jamais en faire un "argument de vente". Après "Maternal" Maura Delpero confirme son grand talent, et à travers elle la vitalité et le renouveau du cinéma italien.

Annotation :

Tout le très beau documentaire de Dominique Cabrera pourrait être contenu dans ces mots de Chris Marker : « Le hasard a des intentions qu’il ne faut pas prendre pour des coïncidences ». Tout et pas tout car sa grande force est de déer ce sentiment de vertige pour montrer la force de l'image, à quel point celle qui appartient finalement à tout le monde peut devenir profondément intime et contenir la vie de celui qui décide de se l'approprier.

Je ne sais pas s'il faut avoir un rapport particulier à "La Jetée", être amoureux d'Hélène Châtelain, avoir les larmes qui montent dès qu'on entend la voix de Florence Delay, pour être touché par ce film qui prétend ne s'intéresser qu'au "Cinquième plan" mais qui en filigrane enquête sur la femme de l'ouverture du "Joli Mai", sur le génie de Marker, sur les déracinés. Mais je sais une chose : ce film s'adresse à plus de monde qu'on ne pourrait le croire.

Annotation :

Qu'est-ce que c'est bien, car si je n'ai pas été très surpris de voir Jesse Eisenberg faire du Woody Allen en utilisant la névrose comme une arme comique, j'ai été épaté par l'humanité et l'intelligence qui se dégagent de l'écriture du scénario, des dialogues, des personnages qui existent tous. C'est assez miraculeux de tenir en équilibre permanent avec un tel projet qui avait tout pour être casse-gueule. Le voyage mémoriel avec le ton du cinéma indé new-yorkais, ce n'était pas gagné d'avance, et pourtant ça fonctionne jusqu'au bout, parce qu'Eisenberg a le bon goût de mettre la gravité au bon niveau, au bon endroit, de respecter le poids de son sujet sans le hurler.

Bien entendu il serait honteux de ne pas dire un mot de Kieran Culkin qui est juste prodigieux.

Annotation :

Fidèle à elle-même Marie Losier dresse le portrait d'une personnalité à la marge, et chez elle la forme rejoignant le fond elle continue à explorer un style à la limite de l'expérimental, rappelant ses liens avec l'underground new-yorkais. "Peaches Goes Bananas" est donc un objet tout aussi punk que cette artiste canadienne fascinante de radicalité, qui aborde la scène comme un lieu de liberté, de provocation, de performance mais aussi comme un lieu politique. La femme est clivante, le film l'est forcément autant, mais pour moi ces 73 minutes furent un bonheur.

Annotation :

Je tiens avant tout à rassurer deux catégories de spectateurs : ceux qui en auraient marre d'Isabelle Huppert qui il faut l'avouer est partout tout le temps, et ceux qui auraient peur de voir un film flou. La première doit se dire que la dame n'est jamais aussi bien que chez le cinéaste coréen, et donc ici elle pétille, elle amuse, elle semble réapprendre son métier ou plutôt en revenir aux sources. Quant à la seconde cette fois il a réglé l'objectif de la caméra 😉. Pour le reste c'est du Hong Sang-soo pur jus, avec bibimbap et makgeolli comme s'il en pleuvait. Un HSS qui continue à épurer, à simplifier ses variations, et selon moi plus il le fait plus il est mélancolique et introspectif, donc touchant. Après il n'y a pas de secret : ceux qui font partie de la secte continueront à aimer, les allergiques resteront allergiques.

Annotation :

Je faisais partie de ceux qui attendaient avec impatience l'après-"Fils de plouc" et je reconnais que j'avais quelques craintes de voir les frangins Guit dans l'obligation de lisser, au moins un peu, leur univers d'une bêtise sans limite. Et si on peut considérer cet "Aimer perdre" comme moins trash, moins extrême, il détonne malgré tout sacrément. Car les bases sont là avec ces personnages sans morale, anars sans objectif dans la vie à part glander et emmerder le monde. Le casting est toujours aussi dément, les guests comme Melvil Poupaud, Catherine Ringer ou encore Michael Zindel (La révélation du "Dernier des Juifs") semblant prendre un plaisir absolu à accompagner la bourrasque Maria Cavalier-Bazan. Bref ceux qui aiment le cinéma rock'n'roll, qui ont par exemple regretté il y a peu qu'un truc comme "Fotogenico" soit si rare sur les écrans, devraient trouver leur compte à partir du 26 mars prochain.

Annotation :

Si cette "Cache" semble décevoir pas mal de spectateurs c'est probablement parce qu'ils vont voir une comédie avec Michel Blanc et qu'ils se retrouvent face à un film de Lionel Baier. Soit plus du Chantal Akerman que du Dany Boon pour faire court. Car si j'ai pensé à un Jeunet qui aurait de l'épaisseur pour ce qui est des artifices visuels, c'est surtout le cousinage d'esprit avec la réalisatrice belge qui m'est en permanence revenu en tête : la judéité, le poids du é et la manière de composer avec celui-ci, quitte à en sourire pour ne pas en pleurer. Le cinéaste suisse se fait plus abordable que parfois mais conserve son ton décalé, et propose ici la comédie la plus grave et profonde de la semaine. Un coup de chapeau à l'ensemble du casting.

« L’intelligent parle de ce qu’il a vu, le sot de ce qu’il a entendu dire. » (Proverbe yiddish)

Annotation :

Ce documentaire brésilien, présenté à la dernière Quinzaine des cinéastes et sorti mercredi en salle, est certes un cri d'alarme poussé par la tribu des Yanomami, un geste de défiance envers « le peuple de la marchandise », mais c'est avant tout un vrai geste de cinéma. Car ici pas de message didactique et moralisateur, tout e par l'image et le son qui captent des corps en mouvement, dans une marche hypnotique qui semble ne jamais devoir finir, une danse. "La Chute du Ciel" ne se contente pas d'être utile, il est beau...

Annotation :

Pourquoi un accueil cannois frileux ? Pourquoi une moyenne ici-même qui est également bien tiède ? Je ne vois qu'une explication : les spectateurs attendaient du Guy Maddin, d'où leur étonnement, et pour certains déception, face à cette comédie au casting international XXL, parfois burlesque, frôlant il faut l'avouer avec le populisme, mais franchement désopilante.

Les temps étant ce qu'ils sont les gens ont besoin de défouloirs et en cela ce "Rumours" remplit parfaitement son rôle. Mais attention Maddin reste Maddin et le résultat est donc un OFNI, brûlot politique amusant certes mais aussi film de série B, voire Z, horrifique qui témoigne de l'amour éternel du cinéaste canadien (et de ses comparses Johnson) pour l'alternatif et l'expérimental. Et force est de constater que ce Maddin plus mainstream, avec de grosses guillemets malgré tout, a reçu de la part d'une salle remplie d'exploitants, de programmateurs, un accueil triomphal. Une chose est donc sûre : le film va bénéficier d'une distribution digne de ce nom, et ça c'est une formidable nouvelle.

« L’Allemagne emportée par l’émotion, on a déjà vu ça… »

Annotation :

Le cinéma dit commercial est bien différent d'un pays à l'autre, et si l'on en croit "Ce nouvel an qui n'est jamais arrivé" il y a à ce niveau un abysse entre la Roumanie et la . Car si Bogdan Mureşanu propose un film plus facile d'accès que ceux de la Nouvelle Vague, si l'humour est ici premier degré, il y a une exigence dans la forme, dans le récit où s'enchevêtrent des destins multiples, dans la manière de traiter la Grande Histoire par les petites, par dire à un pays qu'elle a le droit de s'am en se remémorant ses tragédies. 2h18 qui filent à toute vitesse, une forme de suspense jamais malsain, avec cette apothéose qui rappelle que bien souvent si on rit c'est pour ne pas pleurer.

Je ne suis pas prêt d'oublier la lettre au Père Noël qui donne lieu à des scènes parmi les plus marquantes et drôlatiques de ces dernières semaines.

Annotation :

Étant très critique à propos de l'animation japonaise qui est sérieusement rentré dans le rang depuis quelques années, mon plaisir n'en a été que plus grand en découvrant ce "Totto-Chan" qu'on pourrait qualifier de mélo enjoué et positif, qui traite chaque situation qui pourrait donner lieu à un déluge de pathos avec une grande dignité, à l'image de l'enterrement ou de la mort du poussin. Il y a certes ici beaucoup de malheurs mais surtout beaucoup de vie et d'amour, tout ça personnifié par un magnifique personnage, Monsieur Kobayashi, le directeur de l'école. En résumé je n'avais pas vu un japanime aussi équilibré entre douleur et douceur depuis "Dans un recoin de ce monde".

Annotation :

Si t'es pas à Gérardmer tu les vois plus au ciné... (cf critique)

Annotation :

Si ce film ouzbek pose un regard amusé sur le fossé entre les générations, attendri sur un monde qui préfère s'effacer que rentrer dans le nouveau, c'est surtout ce couple qui m'a touché. Car si Shokir Kholikov fait semblant de regarder ailleurs il revient toujours à cette vieille femme et ce vieil homme, à leurs silences, à leur amour que rien ne viendra contrarier, pas même un écran plat.

Annotation :

Clairement l'un de mes coups de ❤️ parmi les sorties récentes tant j'ai aimé ce portrait de femme qui ne fait rien pour être aimée, qui refuse toute concession et en assume les conséquences. J'ai beaucoup pensé au dernier très beau film d'Isabel Coixet, "Un amor", qui partageait beaucoup de choses avec celui de Marco Amenta, y compris l'importance de la nature, belle mais aussi hostile, et une profonde sensualité. Autre point commun : la qualité esthétique car "Anna" est également à ce niveau une des très très belles réussites du moment.

Annotation :

Peut-être qu’un vrai berger hurlera en voyant ce film mais le cinéma doit aussi pouvoir être l’art de l’utopie, et c'est l'une des voies qu'a choisi Sophie Deraspe, celle du lyrisme, d'une certaine épiphanie qui donne lieu à des scènes renversantes de beauté picturale. Mais la force du film est d'oser mélanger cette forme de poésie, de sensualité à des aspects bien plus prosaïques, telle que l'évocation de la prime à la misère sexuelle.

Après "Antigone" qui ne m'avait pas totalement convaincu mais qui montrait clairement que cette cinéaste québecoise avait du potentiel la voici qui confirme son talent en s'adressant à un public moins confidentiel, en quête de grands espaces et de sentiments nobles.

Annotation :

Les mots qui correspondent le mieux à ce "Tout ira bien" sont probablement pudeur et dignité. Celles d'une femme qui souffre sans faire d'esclandre mais aussi celles d'un cinéaste qui n'en rajoute jamais, qui refuse d'aller là où la facilité pourrait le guider. Ray Yeung, déjà réalisateur du très maitrisé "Un printemps à Hong Kong", aborde bien des thèmes douloureux, raconte l'hypocrisie d'une société, sans jamais rien surligner.

Annotation :

"Kyuka", premier film grec présenté à l'ACID cannois l'an dernier, est le genre de proposition qui peut soit charmer soit agacer. Si vous écoutez la personne (sur les trois présentes dans la salle) qui est partie après moins d'une heure elle vous dira probablement que le film ne raconte rien et qu'on s'en fout des poissons, qu'il fatigue à force d'expérimenter formellement, de vouloir prouver qu'il est hors de tout schéma traditionnel. Si vous m'écoutez je vous dirai que c'est le genre de petit truc qui me réconcilie avec le cinéma, qui m'émeut autant qu'il me réchauffe. Vous savez quoi ? Je serais bien resté plus longtemps avec ces ados pas sympas, avec ce père qui se rêve vieil homme de la mer, avec cette mère absente et pourtant présente, avec cette tortue qui sert de lien à tout ce petit monde.

Annotation :

Là où l'onirisme est parfois le rempart facile pour un cinéaste désireux de ne pas s'attaquer frontalement à un sujet, il prend ici tout son sens, révélateur d'un état de semi-conscience, d'une barrière protectrice construite par Achraf. Rarement le thème du trauma aura été traité ainsi, avec un mélange de lucidité et de respect. A la fois pour les protagonistes réels de ce drame et pour les spectateurs.

Annotation :

La programmation de la dernière édition des Saisons Hanabi l'a bien montré, le cinéma japonais est en train d'opérer un virage intéressant, car même s'il reste intimiste il règle de plus en plus frontalement son compte à la société nippone et son hypocrisie. "My Sunshine" en était un excellent exemple et ce très grinçant "Jardin zen" en est un autre. On y voit aussi le traumatisme indélébile qu'a laissé le drame de Fukushima, ce qu'évoquait également l'un des succès surprises de 2023, "La Famille Asada". A noter forcément l'interprétation de Mariko Tsutsui, aussi géniale ici que chez Kōji Fukada.