Aquaserge ? Après quatre albums (plus une collaboration avec April Mach), la question ne devrait plus se poser tant cet album est une réjouissance de bout en bout. Réjouissance des sens, du cœur, avec le plaisir d’entendre des chansons affranchies de toute règle ; de tout carcan musical. Une musique libre comme l’air qui joue avec les mots comme avec les sonorités avec une inventivité et une élégance rare.
En peu de groupes pop reconnus parviennent à se donner autant de liberté. Peut-être Chassol, dans un style très différent, mais surtout Bertrand Burgalat le boss de chez Tricatel. Hors de nos frontières, on pensera forcément au vieux sage Robert Wyatt, mais aussi au post-rock de Stereolab et à celui des groupes de Chicago (Gastr Del Sol, Tortoise…). A
Avec tous ces gens, Aquaserge partage cette capacité à allier sens de la mélodie et virtuosité instrumentale, cassant puis reconstruisant les structures rythmiques avec un bonheur partagé par l’auditeur qui s’installera sans problème à la table de jeu sans forcément avoir besoin de connaitre toutes les règles.
Album d’une richesse sonore incroyable, on l’a dit, multipliant les couches, les pistes et les effets, Laisse ça être (clin d’œil au Let It Be des Beatles) est aussi un régal dans la manière d’appréhender les textes, ignorant, comme sur leurs précédents disques, les règles d’écriture en vigueur, jouant avec le langage et les mots avec un bonheur toujours aussi contagieux.
Pour son sixième album, Aquaserge a donc frappé très fort, arrondissant un peu plus les angles de sa musique, lissant les bords pour faire ressortir la brillance, l’éclat dans une production haut de gamme.
Plus que jamais fer de lance d’un art-rock dadaïste mais jamais élitiste, Aquaserge, avec cet album très accessible, aussi sophistiqué que décomplexé, devrait sans nulle doute gagner encore un peu plus d’estime et d’iration chez les amateurs de musique aventureuses. > https://www.benzinemag.net/2017/02/16/aquaserge-laisse-ca-etre/