Si le départ de Gabriel en 1975 est un traumatisme pour les fans, le départ d’Hackett change grandement la musique du combo. L’intéressé n'avait pas apprécié l'approche un peu plus "commerciale" apportée sur l'E.P. Spot The Pigeon et se trouvait sous-employé et à l'étroit. Ainsi, les têtes pensantes, Banks/Rutherford ont alors le loisir de s’exprimer.
Le résultat est toujours sujet à polémique. …And Then There Were Three (1978) peut être comparé en partie à A Trick Of The Tail pour sa première face. Down And Out ressemble à Dance In A Volcano, Undertow ressemble à Entangled, Ballad Of Big à Squonk, Burning Rope ne ressemble à rien de précis mais s'étale sur 7 inutiles minutes. Bref, tout n'est que réchauffé. L'album alterne moments rocks et ballades pop sans parvenir à marier les deux, devenant soporifique au premier abord. De plus, je trouve qu’il a particulièrement vieilli par rapport aux productions précédentes. Et ses longues 53 minutes ne l'aident pas. D’ailleurs Yes sort Tormato et Emerson, Lake & Palmer Love Beach, pas leurs albums les plus recommandés la même année. Un signe ?
L’album conserve quand même l’essence des albums précédents tout en esquissant plus en détail la pop-prog. Le songwriting est aussi très mélancolique. Il est pourtant assez hermétique et nécessite plusieurs écoutes. Il y a du très bon comme les agréables ballades Undertow, ou Many Too Many, l'excellent Down And Out qui ouvre l'album ou The Lady Lies. En revanche, Snowbound est en demi-teinte, Deep In The Motherlode est able et Scenes from a Night's Dream et Say It's Alright Joe sonnent carrément mauvaises. De plus, le groupe ose sortir son premier tube, le mielleux Follow You, Follow Me. Et pourtant j'aime bien cette chanson ! Cette aberration signe le virage du groupe et fait souffrir énormément cet album du syndrome de l'arbre qui obscurcit la forêt. Le reste de l'album ne sera plus jamais joué à partir des années 1980. Il faut dire aussi que le groupe l'a un peu renié. C'est un album de transition mais encore principalement tourné vers le é. Les albums suivants révéleront pourtant d’autres facettes.