Après un premier album d'une langueur envoûtante, Morcheeba poursuit son bonhomme de chemin et Big Calm creuse patiemment le sillon d'une musique résolument personnelle. A mille lieux d'un trip hop réducteur, elle déploie de plus en plus ses ailes et, enhardie, se pose avec grâce et délicatesse dans des contrées jusque là effleurées. Les rythmes et boucles nonchalants sont toujours là, les évaporations wah wah bluesy proférées par la guitare parsèment une fois de plus avec précision les atmosphères délicates et la voix de Skye Edwards nous entraîne toujours vers les profondeurs abyssales d'une soul à la torpeur vertigineuse. Mais Big Calm se distingue de Who Can You Trust? par une plus grande précision et richesse des arrangements. Embarquée dans une virée country blues, Part Of The Process bénéficie des talents du violoniste cajun Pierre Larue et Diggin' A Watery Grave, instrumental mariant pedal steel et sitar, ne départirait dans les confluents imaginaires du Mississipi et du Bengale. Quant à Friction, la rythmique reggae si juste et si moelleuse nous la fait croire tout droit sortie d'un four à dub plate de Kingston. The Sea, Blindfold, Over... et Fear Of Love sont superbement ceints par un quatuor à cordes et les guitares électro-acoustiques tissent leurs toiles avec doigté et subtilité. Cette ultra-précision si respectable cultive cependant un paradoxe à surveiller : un trop grand confort sonore peut provoquer un relâchement coupable de l'auditeur, qui alors ne constatera qu'une certaine monochromie du son. C'est exactement ce que le groupe cherche, mais peut être pas le lecteur de Magic.(Magic)
Bref rappel des faits : en 1995, ce trio originaire de Londres offrait au monde l’album « Who Can you Trust ? », un cocktail de trip hop/soul électronique magnifiquement desservi par une écriture musicale soignée. Morcheeba récidive avec ce nouvel album inqualifiable, où toutes sortes d’influences se croisent : entre soul, reggae, folk ou blues , les 11 titres de ce « Big Calm » sont d’une efficacité redoutable. Loin des clichés du genre, on assiste à un magnifique spectacle, mettant en scène des guitares bavardes, des claviers soyeux et des rythmiques au groove irrésistible... On a la très net impression que tout est méticuleusement organisé pour que l’auditeur succombe aux mélodies pop et accrocheuses de la chanteuse Skye Edwards. Sur « The Sea », « Fear and Love » ou « Blinfold », le groupe approche réellement de la perfection trip pop grâce à des arrangements de violons mémorables, faisant de ce disque le meilleur anti-stress de l’année... (Popnews)