Homework
7.4
Homework

Album de Daft Punk (1997)

Homework par Strangeman57

Après cette claque originelle (voire chronique "Discovery"), forcément, j'en veux plus, comme un toxico a besoin de sa dose. Si la musique fonctionne comme une drogue, tous les amateurs de musique, qui font encore l'effort d'en chercher et d'en découvrir, sont en fait à la recherche de ce frisson originel. « Discovery » en boucle ne me suffit plus. Doit bien y avoir des œuvres similaires. Tiens, d'ailleurs, ils ont fait quoi Daft Punk avant ?

Au centre commercial « Leclerc », nous avons la possibilité -ô douce époque- d'écouter sur des plate-formes d'écoute les dernières sorties d'albums, d'après une liste basée sur les tops des meilleures ventes. Chaque semaine, pendant que ma mère fait les courses, j'écoute un peu ce qui se fait, dans des casques audios qui me semblent plutôt qualitatifs pour l'époque. Cet acte n'est plus forcément possible aujourd'hui, dans un monde post-Covid. Bien sûr, il n y a pas grand chose qui me plait dans cette variétoche, donc je me dirige vers un autre poste d'écoute plus loin. Sur celui-ci, il est possible en scannant le code-barre de n'importe quel disque disponible en magasin, d'écouter un extrait d'une vingtaine de secondes de chacun des titres. Bien sûr, la qualité est bien moindres et il est assez difficile de se faire un avis... Mais c'est du bon teasing.

Après recherche judicieuse et fructueuse dans les « D », je tombe sur un autre album de Daft Punk. Celui-ci a le même logo que « Discovery », avec le nom du duo masqué, sauf que celui est rouge et fait d'une matière différente. Curieuse approche. Je place le code barre sous le poste d'écoute et... Bingo ! Voilà mon premier rapport avec « Homework ». Quelques secondes de chaque titre. Et je suis assez surpris. Celui-ci n'a rien à voir avec son petit frère. Les sons sont plus rugueux, plus électriques, plus répétitifs mêmes. Y a certaines pièces que j'aime direct, comme le court extrait de « Daftendirekt », avec sa voix filtrée et pitchée bas. Il y a aussi « Around the World », que j'ai l'impression d'avoir déjà entendu ailleurs. C'est assez de musique que je mime dans ma tête ou en marmonnant bizarrement les jours suivants,en m'imaginant le reste du morceau, en attendant le moment où je pourrais m'offrir leur œuvre. Je remets ces petits extraits les semaines suivantes, jusqu'à ce que je ne trouve plus l'album, sûrement vendu. Je ne sais plus combien de temps j'ai attendu, des semaines ou des mois, le fait est que j'ai fini par l'acheter et l'écouter dans son intégralité.

Je me rends compte aujourd'hui que sans cet album, je ne me serai peut-être jamais intéressé à la musique électro. Effectivement, mon amour de « Discovery » aidant, s'est installée une relation de confiance avec les Daft. Sans cette confiance, je n'aurais pas persévéré après une première écoute qui me lausse pantois. J'aurais réagi comme ma mère « c'est pas de la musique, c'est juste du bruit » et j'aurais laissé l'album de côté pour er au dernier tube à la mode. « Homework » est définitivement moins Pop. Et pourtant, par sa répétitivité, par ses riffs synthétiques, par ses montées en puissance de bruits étranges, il me reste tout autant en tête, causant un joyeux bordel dans celle-ci. Leur nom de duo prend tout son sens ici. Je me suis mis à réécouter ce punk fou en boucle, à essayer de comprendre, sur mon poste CD - ou sur mon baladeur lorsque ma mère me demande de baisser ce joyeux bordel. Je suis du genre à vouloir partager mes goûts au début, même avec mes voisins, comme un DJ « T'as vu, c'est cool ce que j'envoie, non ?! » mais ne reçois en retour que des coups dans le mur, même pas dans le rythme. A force, j'ai compris. C'est grand « Homework ». Comment peut-on réussir à produire un tel son avec des machines. Avec des boucles de sample. Avec des filtres de Djing ? C'est punk mais en même temps si maîtrisé, si léché, si carré.

« Revolution 909 » me donne envie de découvrir les Rave Partys. « Phoenix » me rend fou avec ce simple « S » répété en boucle, mais ce n'est rien comparé aux étranges onomatopées de « High Fidelity ». Les montées en puissance de « Rollin' & Scratchin' » et « Rock'N Roll » me font toucher plusieurs fois le firmament, comme un trip d'acide que je n'ai jamais pris. J'ai longtemps essayé de piger ce qui disent les voix de « Teachers » avant de comprendre qu'il s'agit d'un hommage à leurs influences. « Oh Yeah » me fait danser le hip-hop, mal, tout seul dans ma chambre. « Burnin' » m'a assez inspiré pour essayer de reproduire ce son de zip sur un logiciel Ejay (les vrais connaissent) avec ma braguette. Et « Alive » est le titre parfait pour s'échauffer avant de monter sur le ring. Il y aura aussi plus tard, ces clips regroupés sur un DVD que je trouverai chez un disquaire dont la boutique est en fin de vie. Cette histoire de tâche de tomate pour « Revolution 909 », celui à la chorégraphie mythique de « Around the World » (dont le making of me fait rire car Gondry y avoue avoir vomi à cause du stress) et surtout, ce personnage à tête de chien dans « Da Funk » timide et perdu qui me fait penser un peu à moi. Dommage que les dialogues y gâchent la musique.

Bien sûr, je n'aime pas tout à l'intérieur. Malgré le fait que l'on retrouve l'homme à tête de chien dans son clip, « Fresh » et sa guitare planante m'ont toujours laissé de marbre. De même pour « Indo Silver Club » ; tout dépend de la qualité de la boucle, ou de la façon dont elle me parle. Je jaugerai le prods de rap sur un critère similaire. Malgré la répétitivité - et déjà un certain minimalisme que l'on retrouvera sur leur sortie de 2005 - cet album reste plein de mystères, que ce soient les samples derrière les œuvres, ces photos à l'intérieur du livret, ces voix voilés par les effets... Par exemple, c'est tout con et j'y ai mis un petit temps mais je suis ravi de comprendre seul que « Funk Ad » n'est que « Da Funk » à l'envers. Et oh, je n'ai qu'onze ans ! Un album instrumental laisse plus de libertés à l'interprétation et à sa réappropriation. Et par le choix de cette musique, je commence à m'affirmer, à me trouver un style, un univers qui me parle, de la façon la plus étrange possible. Les possibilités sont alors infinis...

9
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le 20 avr. 2025

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Strangeman57

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