'A Wonderful Life’ de Sparklehorse est sorti en 2001 et je le connais par cœur. Pourtant, lorsque celui-ci s'invite à moi après une période sans l'avoir écouté, je demeure surpris et embarqué comme s’il s’agissait d’une nouveauté essentielle, de celles qui visent juste et tombent au bon moment.
Je privilégie alors l'écoute au casque, afin de savourer le soin précieux apporté au mixage. Ce dernier est attentif, les instruments prennent précautionneusement place autour de vous, chacun respectant son voisin sans l'envahir. L'utilisation des voix est savante, valorisée une nouvelle fois par ce mixage attentionné. Et quelles voix ! citons celles de Tom Waits, Nina Persson (The Cardigans) et de PJ Harvey. Mark Linkous, le chef d'orchestre multi-instrumentiste qui porte Sparklehorse, est d'une délicatesse folle, nous susurrant à l'oreille sans fausse pudeur les troubles de sa psyché, sans que le disque ne soit lesté par son propos. Le fidèle batteur Scott Minor, lui, éblouit par son intelligence de jeu. Vraisemblablement plus influencé par Charlie Watts que par Terry Bozzio, il a une frappe juste et réfléchie, magnifiée par un son boisé parfait.
L'ensemble forme un tout d'une beauté insondable. Chaque détail touche au sublime. Le lo-fi délicat côtoie le cradingue avec naturel. Selon les ages, ce disque se montre beau, triste, puissant, intime, sale. On accueille sans questionner l'étonnante cohérence qui traverse l'album.
C'est un voyage que propose ce disque, dans la multitude des émotions que l'on traverse dans une vie forcément agitée. Ne prêtez pas attention à sa date de sortie, et entrez dans la danse de ce magnifique blues funèbre.