Reco n°32 (1 mars 2025)

Cette chronique est la seconde d'une série basée sur une recommandation d'album faite dorénavant chaque lundi par un des membres d'un club ouvert prêt à tout pour affronter le monde insondable de la musique. Je demande à qui le désire de me fournir deux mots qui lui ont été inspirés à l'écoute de l'album sélectionné. Avec les mots récoltés (mis ici en gras), je rédige des phrases qui, je l'espère, rendront honneur à l'album choisi et surtout qu'ils vous donneront l'envie de l'écouter.


Les tueurs à gages s'engagèrent dans la contre-allée du boui-boui pour exécuter leur méfait. Mal leur en prit, Raymond trébucha sur le fil de la sono relié au groupe électrogène, provoquant ainsi l'expulsion de la prise de courant reliée par une rallonge, en conséquence de quoi le concert fut interrompu. Les Rita Déglingos, qui étaient en pleine déconne sur scène, durent interrompre leur pop foutraque illico-presto, ce qui provoqua l'ire de Marc, le claviériste, qui grogna "C'est quoi ce délire !?". Sa femme, une gobe-mouche, répondant au doux nom de Delphine, à la table du fond continuait à avaler sans broncher sa double-ration de poulet sucré salé (au vinaigre balsamique et ananas précisément), trempé dans une sauce aigre douce. Il faut dire que ce repas "va-de-la-gueule" correspondait parfaitement à la musique produite sur scène, mais Delphine n'y était pas sensible. C'était bien elle qui était la cible du gang composé du couple abrasif Raymond et Martha.


Il faut dire que une trentaine d'années auparavant (en 1981 pour être précis) la lune de miel de Marc et Delphine ne s'était pas déroulée comme prévu, tout se déployant de travers. Marc officiait à l'époque dans un groupe répondant au doux nom d'Aksak Maboul, naviguant entre la pop et la new wave, bifurquant très vite vers la cold wave (on allait plus tard appeler leur musique de la post-pop, mais je m'égare). Donc lors de cette lune de miel qui se déroulait en Floride (à Milton pour être clair), Marc ne put s'empêcher de jouer au synthé des airs de faits-stivités, rameutant ainsi progressivement une foule autour de lui sur le parvis de la St. Mary's Episcopal Church. Dans cette foule se trouvaient providentiellement les membres d'un groupe sans nom à la recherche d'un claviériste et compositeur. Le bassiste Vincent, le batteur Jean-François, les guitaristes Gérald et Yvon, la chanteuse Véronique ainsi que le saxophoniste Yves étaient aux anges, ils avaient enfin trouvé la perle rare à leur mesure.


Restait plus qu'à le convaincre. C'est là où Delphine, dans son indifférence à la musique (elle avait préféré se confesser dans l'église plutôt que de soutenir son Marc) commença à mettre involontairement des bâtons dans les roues du groupe, en faisant par exemple rater des concerts à Marc en lui faisant l'amour de manière trop ionnée, allant jusqu'à démonter les touches de son clavier pour en faire un collier décorant son salon ou découpant ses bandes démos, les collant sur des figurines, leur confectionnant ainsi des pagnes et j'en e. Pendant quelques années tout cela ne porta pas trop à conséquence jusqu'à ce que le groupe se dissolve sous l'impulsion, toujours innocente, de Delphine en 1985 (pour être exact).


Quand ils se reformèrent 29 années plus tard (en 2014 donc), se retrouvant sur cette scène du boui-boui, sachant pertinemment que Delphine serait présente et affecterais à nouveau l'avenir du groupe, Véronique, secrètement amoureuse de Marc, décida donc d'engager des assassins, qui dans leurs élucubrations, estimaient qu'il était symboliquement important de tuer Delphine lors d'un concert de Marc. C'est ainsi donc que Raymond l'égorgeur trébucha, s'accrochant au bras de Martha la massacreuse, l'entraînant subséquemment dans l'étang en même temps que le fil électrique encore branché sur le groupe électrogène. Il va sans dire qu'ils furent réduit à une masse informe, électrocutés. En conséquence de quoi nous n'entendîmes plus jamais parler du groupe, Delphine continuant à exercer sa domination candide, mais implacable sur Marc.


Cette histoire est en partie basée sur des faits réels, l'autre partie étant fictionnelle. Si vous voulez démêler le vrai du faux, je vous invite à lire la biographie des tueurs américains Raymond Fernandez et Martha Beck (dits Lonely Hearts Killers) : https://en.wikipedia.org/wiki/Raymond_Fernandez_and_Martha_Beck ... un film fut réalisé de leur histoire en 1970 "The Honeymoon Killers" : https://www.lacinemathequedetoulouse.com/programmation/projections/29615?from=2016-11-02&to=2016-11-02 ... et vous n'aurez plus qu'à lire la biographie du groupe belge "Les tueurs de la lune miel" pour que tout cela n'aie plus de secrets pour vous : https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Honeymoon_Killers_(groupe_belge)


Epitaph (sucré, salé) - Mushroom-Man (aigre, doux/déconne, abrasif)

Laughing Stock (contre-allée, pop/travers/Mes Rita Déglingos/post-pop)

John Peltier (délire, collant) - Sombre Lune (new wave, foutraque)

toma Uberwenig (faits-stivités, cold wave)


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...................reproduction approximative de l'arme du crime raté retrouvé dans l'étang................

9
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le 9 avr. 2025

Modifiée

le 9 avr. 2025

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PiotrAakoun

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