Miles Davis Quintet – Relaxin' With The Miles Davis Quintet – (1958)
Voici le second album de la quadrilogie, après le fameux « Cookin’ » dont les cinq pistes provenaient de la session du vingt-six octobre cinquante-six, place à « Relaxin ‘ » qui contient six pièces jouées dans le cadre de ce fameux quintet, si extraordinaire !
Pour « Relaxin’ » je n’ai pas hélas le détail des sessions, mais une chose est sûre, deux titres datent de la séance du onze mai, et les quatre autres proviennent de la séance du vingt-six octobre, la même que « Cookin’ ». Il est également sympa d’écouter les commentaires, par les musiciens eux-mêmes, avant ou après les pièces qu’ils vont jouer ou qu’ils viennent de jouer, ainsi Coltrane cherche un décapsuleur et Davis demande son avis au producteur de l’album, Bob Weinstock…
Ce sont ces petits détails qui nous plongent dans l’ambiance décontractée de ces séances, et participent à la magie presque surnaturelle de ces sessions, entre banal et émerveillement. La première pièce « If I Were A bell » provient d’une chanson populaire à la mode, extraite de la comédie musicale « Guys And Dolls », qui date de mille neuf cent cinquante.
Miles n’a jamais dédaigné les gimmicks ou les airs évidents, dans lesquels pourrait se ranger cet « If I Were A bell », il en a exploité tout au long de sa carrière, mais seulement de temps en temps. Il devait aimer sincèrement ces thèmes qu’il jouait lors des concerts et dans les clubs, quand l’occasion se présentait. Sa notoriété grandissait par ailleurs notamment grâce à une prestation très remarquée au festival de jazz de Newport mille neuf cent cinquante-cinq où il a sérieusement cartonné !
La pièce est remarquable, particulièrement pour son architecture, mais surtout par les solistes qui sont parfaits, Miles et sa sourdine, Coltrane vertical et charnu et Garland virevoltant. « You're My Everything » est une ballade du genre de « My Funny Valentine », de quoi éveiller les souvenirs, Miles y est à nouveau délicieux, plein de retenue, cette fois-ci Coltrane s’inscrit dans l’ordre des solos et tient bien le rôle.
Mais il est encore plus à l’aise sur « I Could Write A Book » au tempo plus vif où il dynamise la pièce, il renouvelle la performance sur « Oleo » de Sonny Rollins qu’il bouscule comme il faut, aidé en cela par Miles qui pulse, ça rue dans les brancards, embarqués qu’ils sont par Philly Joe Jones et Paul Chambers qui couvrent les arrières.
Retour au standard avec « It Could Happen To You » où Miles et Trane jouent des contraires, comme opposés, sourdine feutrée et économie dans les moyens, contre crescendo ascendant volubile et viril, de quoi mettre en valeur chacun. Et tout se termine en be-bop par l’incontournable Monk, l’homme qui semble avoir écrit mille mélodies, mais s’est en fait arrêté autour de la centaine, gravant des totems comme cet incroyable « Woody'n You », ici particulièrement sautillant.
Ainsi se termine le second volume de cette quadrilogie d’exception !