Par Olivier Lamm
Au long de ses quinze années d'existence, Wilco aura connu presque autant d'identités que de line-ups, comme si l'évolution spasmodique du groupe suivait de façon distanciée les obsessions, les coups de foudre et la dépression lancinante de sa tête de proue Jeff Tweedy. La route pleine de cahots et de ruptures arpentée par le beau migraineux lui aura tout de même permis de lâcher quelque chefs-d'oeuvre derrière lui, parmi lesquels Being there, les deux volumes épais de Mermaid avenue, Summerteeth et surtout Yankee foxtrot hotel, ce point de bascule presque théorique sur la liberté artistique qui aura engendré un divorce emblématique et très médiatisé avec Warner. Les articles, interviews et histoires avant et après tissaient même ensemble une profession de foi si belle et si brutale qu'on se demandait si l'épreuve du feu perpétuelle n'était pas devenu le moteur créatif principal de Wilco, condamné à lâcher du lest, de la pop et du public à chaque nouveau virage.
Depuis qu'il a fait sécession pour de bon avec le college rock des débuts (le phénomène AM, plein de graisses animales mais toujours plus grand succès commercial du groupe à ce jour), le groupe semble pourtant s'être futilement consolidé autour de ses contradictions, intégrant totalement bruits et fureurs des familles du rock expérimental (improv, noise, no wave, krautrock) à ses ancestrales traditions américaines (Neil Young, toujours, encore et encore). Et le miracle a beau se répéter pour la quatrième fois depuis A Ghost is born (2004), il nous stupéfie encore comme si c'était la première fois. (...)
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