Que se e-t-il lorsqu’un Anglais se retrouve claquemuré, alors qu’un étrange virus, le Covid-19, sévit à l’extérieur ? Il invente une musique à faire trembler les parois. Pas cool pour les voisins. Quelques mois de confinement plus tard, Joe Love, compositeur et parolier du groupe qu’il vient de monter pour interpréter ses morceaux sur scène, se produit devant un public… assis. La réputation de la bande londonienne va pourtant se construire sur des lives endiablés, déployant une énergie folle face à des spectateurs interdits de se lever, règles sanitaires obligent. Ce perpétuel décalage va comme nourrir l’univers de Joe Love : goût pour le grotesque, voix saturée et synthétiseurs bipolaires… Pourtant, on attend bien d’un gros chien qu’il fasse WOOF.
C’est que Fat Dog produit avec sérieux un spectacle sonore amusant et boute-en-train. Son rock bascule facilement dans la symphonie grandiloquente, avant de s’en retourner vers une musique électro frontale. « All the same » illustre parfaitement ce mélange des genres, comme si Gesaffelstein avant ret les rangs de Queen. De même pour l’espèce de tragi-comédie de « King of the slugs ». Le saxophone de Morgan Wallace apporte une touche supplémentaire aux sonorités du groupe, à entendre « Running ». On semble en même temps déceler l’influence de Fontaines D.C.. Pas étonnant : James Ford, collaborateur régulier des Irlandais, mais aussi des Arctic Monkeys, est aux manettes à la production de WOOF. C’est dire que Fat Dog, avec ce premier album, suscite déjà la curiosité et l’intérêt.
Tout cela ne semble toutefois pas vraiment atteindre Joe Love, secondé dans la direction du groupe par le batteur Johnny Hutch. Les deux comparses cultivent un second degré à toute épreuve : si le chanteur porte invariablement un chapeau de cow boy sur la scène, l’autre préfère dissimuler son visage derrière un masque de chien alors qu’il fracasse ses fûts, ce qui lui a valu le surnom de « Doghead ». Les clips sont traversés d’un imaginaire fait d’images Web et de collages bricolés. En plein dans l’époque. Les chansons distribuent boutade sur boutade, notamment « I am the king » qui étrille la tradition des douces mélopées : mieux vaut pleurer sur Karate Kid 2. Définitivement, la fête a bien commencé.