Gisèle & Béatrice
6.2
Gisèle & Béatrice

BD franco-belge de Benoît Feroumont (2013)

Gisèle & Béatrice par pilyen

Benoit Feroumont, l'excellent créateur de la non moins sympathique série "Le royaume", vient de publier "Gisèle et Béatrice", un album dont le sticker apposé sur la couverture précise : "Contenu coquin pour adulte coquin." Je m'attendais donc à trouver encore un de ces récits érotiques avec des héroïnes pulpeuses, offertes et à la libido surdimensionnée, car la BD, monde essentiellement masculin, n'est pas avare en productions légères où la femme est cantonnée au rôle unique d'objet sexuel. Cet ingrédient est présent dans l'album, sauf qu'il est ici prétexte à une histoire autrement plus retorse et complexe.
Béatrice, belle jeune femme, travailleuse mais insoumise à un patron dragueur, rate une promotion par manque de gentillesse (vous voyez ce que je veux dire). Décidée à obtenir coûte que coûte ce poste important, elle va changer de tactique, séduire le boss et grâce à un produit ramené d'Afrique, le transformer en femme. Il deviendra ainsi l'employé(e) de maison et l'objet sexuel de sa secrétaire.
Sans révéler ici un rebondissement important et surprenant d'un scénario inspiré, je peux dire que le lecteur est tenu en haleine jusqu'au bout. L'érotisme est bien plaisamment présent, mais il n'est pas le principal attrait de cet album. Jouant intelligemment sur l'ambiguïté des personnages, ce récit amène le lecteur à s'interroger sur la sexualité, ses désirs, le regard qu'il porte sur les personnes. Le thème de l'homme devenu femme et se rendant compte du pouvoir des mâles et de leurs regards machos ou malsains est un sujet déjà pas mal abordé. On retrouvera les éléments qu'il induit souvent, comme le transgenre, voire la bisexualité. Mais l'auteur y rajoute un piment qui va venir compliquer le tout : une bonne dose de sado-masochisme. Ce mélange, auquel vient s'ajouter une toile de fond sociétale pertinente sur la chasse aux sans papiers et l'inhumanité du monde de l'entreprise, donne à cet album une saveur toute particulière. Avec son dessin semi-réaliste, des situations crues mais jamais gratuites, "Gisèle et Béatrice" déploie une intrigue perfide et déstabilisante.
La suite sur le blog
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 21 sept. 2013

Critique lue 500 fois

2 j'aime

pilyen

Écrit par

Critique lue 500 fois

2

D'autres avis sur Gisèle & Béatrice

Critique de Gisèle & Béatrice par belzaran

Actuellement, je suis très attiré par la bande-dessinée érotique. Cela tombe bien, « Gisèle & Béatrice », autoproclamé « contenu coquin pour adultes coquins » a reçu de nombreuses éloges chez les...

Par

le 11 sept. 2013

4 j'aime

1

Critique de Gisèle & Béatrice par Flamant

Il semble assez surprenant, pour une oeuvre qui se veut "érotique" (c'est léger) et "féministe (mais qui ne l'est pas) de commencer le récit de la relation entre les deux personnages par... Un viol ...

Par

le 20 oct. 2016

3 j'aime

Critique de Gisèle & Béatrice par pilyen

Benoit Feroumont, l'excellent créateur de la non moins sympathique série "Le royaume", vient de publier "Gisèle et Béatrice", un album dont le sticker apposé sur la couverture précise : "Contenu...

Par

le 21 sept. 2013

2 j'aime

Du même critique

Bibi n'a pas aimé

Il y a des jours où j'ai honte, honte d'être incapable d'apprécier ce qui est considéré comme un chef d'oeuvre par le commun des mortels. A commencer par mon libraire spécialisé BD qui m'a remis...

Par

le 1 janv. 2012

37 j'aime

7

Grand navet

J'ai vu le chef d'oeuvre de la semaine selon les critiques. Hé bien, ils se sont trompés, c'est un navet et un beau ! Cette fois-ci, ils ont poussé le bouchon tellement loin qu'ils risquent d'être...

Par

le 29 août 2013

28 j'aime

18

Parlez-vous le Desplechin ?

Je le dis d'emblée, je n'ai jamais été fan du cinéma de Mr Desplechin. "Les fantômes d'Ismaël" confirment que je ne parle pas et ne parlerai jamais le "Desplechin" comme se plaît à dire le...

Par

le 18 mai 2017

24 j'aime

1