L'Heure des lames
6.5
L'Heure des lames

Comics de Rob Davis (2014)

Cette bd fait partie de celles qui m'ont encore marquées une fois le livre refermé et auquel j'ai lu chaque page en me disant que c'était vraiment hors norme.


Et pourtant ça commençait par cette sentence : "CE JOUR LÀ, LA MÉTÉORLOGE INDIQUAIT L'HEURE DES LAMES, ALORS J'AI ENCHAINÉ PAPA DANS L'ABRI DE JARDIN." "Ok, si ça commence par l'histoire d'un mec qui torture son père en l'enfermant, ça va partir dans de la violence gratuite et du snuff, je vais pas aimer." me dis-je d'autant plus que le personnage principal est une écolier avec une figure sérieuse, façon adolescent torturé ou torturant.


Et en fait, c'est pas ça, du tout. Cette bd a un pied entre le surréalisme et un pied dans la SF. Tout son univers semble au premier abord complètement loufoque et sans queue ni tête : les gens regardent une roue qui tourne à la place de la télé, ils ont pour parents des objets qu'ils ont bricolés étant enfant, il pleut des couteaux, l'été est organisé par une sorte de centrale qu'on peut allumer ou éteindre, etc... Et pourtant, le tout forme petit à petit une histoire cohérente montrant cet univers, ses lois, ses mystères et ses enjeux. Si le personnage principal enferme son père au début de la bd c'est "juste" que son père est une sorte de gros véhicule cuivré et que son fils n'a pas envie que celui s'en aille dehors alors que des couteaux tombent du ciel. (Des vrais couteaux, bien aiguisés et super dangereux.)


Que dire d'un tel ovni ? Si les personnages sont un peu antipathique (ce sont des ados) il se dégage quand même une forme d'humanité en eux, d'autant plus paradoxale qu'ils vivent dans un monde dont les lois nous sont étrangères. Ainsi, le héros, Scarper Lee, est prédestiné pour mourir dans deux semaines. Tout le monde le sait, pourtant on lui demande de continuer à aller à l'école et à être obéissant et de ne pas se rebeller face à la mort parce que c'est "digne". Et qu'il ne faut jamais se poser de questions.


Le trio des personnages sont des ados rebelles face à une société totalement décalée et c'est en cela qu'ils échappent aux clichés : ils sont en quête d'une forme de logique, ils vont tenter de percer le sens du monde qui les entoure et tant pis s'ils doivent er dans l'illégalité. (De toute façon, leur vie est foutue.) Mais cette société nous rappelle un peu la notre au fond : pourquoi ça serait "plus logique" de regarder une roue qui tourne (différente chaque jour de la semaine) qu'un programme télé parfois tellement qualibré qu'il en devient redondant ? Il y a le même rejet de celui qui se pose des questions et essaye d'aller au fond des choses et de le considérer au final comme un attardé.


L'univers est une vision déformée de l'angleterre des années 60, avec des petites maisons en briques, des ados avec une coupe beatles, des noms de gangs recherchés par la police qui prennent la forme d'affiches pour des groupes de musiques. Mais surtout, plus on le parcours, plus on se pose des questions sur cet univers comme ceux qui le parcoure s'en pose : qui est vraiment Vera ? Comment Scarper va er le dernier jour de sa vie ? Où est son père ? Qu'y a t-il derrière la frontière ?


Et là, arrivé vers les dernières vingt pages du tome, je me dis : "ok, il y a plein de questions non-résolues. Soit cet album se termine avec un final d'apothéose, soit il se termine en eau de boudin." Et en fait, il se termine sur un gros age de suspens. J'étais prêt à hurler à l'arnaque quand j'ai appris sur internet que cet album n'est que le premier d'une trilogie. (C'était marqué nulle part.)


J'attends vraiment BEAUCOUP de la suite ! Surtout qu'elle m'étonne encore plus que cet OVNI assez génial.

9
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Créée

le 5 févr. 2017

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Mad Dog

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