Artemisia est une BD inspirée de la vie d'une célèbre peintre du même nom qui a opéré au XVIIe siècle. Cette-dernière est connue pour avoir été l'une plus marquantes dans le style de Le Caravage mais aussi pour sa détermination malgré la pression et l'oppression patriarcale qu'elle a pu subir, allant des interdictions de son mari au viol commis par un ami de son père.
Loin de moi l'idée de faire une analyse historique de l’œuvre puisque je n'ai en réalité que très peu de connaissances sur le sujet, je vais donc me contenter de donner mon avis sur ce que vaut la BD en tant qu'art tant dans sa forme que dans sa portée militante.
Commençons par le dessin qui est assez inégal. En effet, si les corps et les décors sont assez réussis avec le style crayonné et épuré , les visages sont bien souvent assez ratés malgré leur expressivité. Cela peut même gâcher certaines cases assez fortes comme celle où Artemisia peint enceinte avec son mari derrière elle. Scène forte montrant bien le décalage entre ces deux êtres et où le visage heureux du mari n'efface pas la tristesse dans celui de l'artiste. Hélas, l'aspect gribouillage des expressions faciales enlève de l'intensité... Les couleurs elles sont assez réussies et contribuent à nous plonger dans l'Italie du XVIIe.
Le scénario est assez bien écrit malgré une narration très classique. Ce qui fait la qualité de la BD en vrai, c'est bien toute sa portée féministe. Car tout dans l’œuvre critique le patriarcat et le sexisme en tant qu'oppression structurelle et systémique. Du viol au mariage en ant par le slutshaming et les hommes en manque de cookies par exemple.
La protagoniste incarne donc une forme de révolte face à cela grâce à ses engagements, son indépendance et son insolence face aux dominants.
Et pour le coup, tout cet aspect engagé est réussi et fait que je vous recommande la lecture de cette BD.