Double espace à l'unisson
David Mazzucheli est un auteur que l'on connait en surtout pour Batman: Vengeance oblige(Year One en nouvelle édition).
Bande dessiné de super héros qui déait alors franchement le genre.
Asterios Polyp aussi dée le genre, mais plutôt le canevas de la bande dessinée dans lequel il se trouve.
Le livre en lui-même est déjà un objet différent dont il est indiqué que celui-ci a été pensé par l'auteur directement. Classique couverture cartonnée recouverte d'un papier glacé, sauf que celui-ci ne recouvre pas la couverture en entier, créant l'illusion parfaite qu'il ne s'agit que d'une seule couverture, hors en prennent dans ses mains l'objet, différentes matières sollicitent la réactivité de nos mains...
Le ton semble donné dés la librairie, cet ouvrage invite à une expérience différente en terme de bande dessinée.
Le graphisme pour commencer, enfantin, hypeux, élegant. Trés loin de ce à quoi o peut s'attendre quand on s'est attardé sur les titres super héroïques de l'auteur.
Qui ne choisit ni entre la couleur ni entre le noir et blanc; des teintes vont venir habiter les différents chapitres et y renforcer la couleur narrative voulu par Mazzucheli. Audace graphique ayant pour but de renforcer la partie narrative de l'histoire; il est rare de se voir offrir à lire des stratégies de mise en scène mettant si bien en corrélation l'écrit et le dessiné.
Mais on ne s'arrête pas là, séquencialisation et sens de lecture sont renversés, éclatés, quand on ne frise pas l'abstraction nouvelle.
Tout cet attirail stylistique semble emmener vers un but commun: décrire les schémas de pensée, de mémoire, l'inconscient et le sentimentalisme.
Un indice est donné dés l'ouverture du titre, le narrateur sera le frère jumeau d'Asterios: mort-né. Peut-on y voir un relent de Cassandra Nova, personnage de l'univers Marvel amené âr Grant Morisson? Peu importe, nous savons que le narrateur sait tout depuis l'intérieur et saura mieux que le sujet qui nous concerne. Le mort-né nous tire vers ce sentimentalisme en synthétisant dans sa figure les deux événements à l'impact émotionnel le plus puissant au cours de la vie.
Un jumeau mort-né qui nous amène rapidement à douter de notre héros. N'est-il pas le meurtrier intra-utérin de son frère? Ce personnage au charme fou, aux idées si démesurées qu'elles ne peuvent être réalisées, sa finesse ne peut-elle cacher un monstre. Ce monstre sentimental, d'une intransigeance fatale se montre bien vite, on nous laisse à une autre question; la figure gémelique qui évoque comme Janus la bi-céphalité n'est elle pas aussi un leur, celle-ci ne serait-elle pas un simple artefact visant à dissimuler la schizophrénie de Asterios?
Et alors que le sous-texte brasse des masses de référence esthétique, on est emporté par la légèreté des situations décrites, légèreté qui ne pourrait pas être aussi intéressante si la cause les entrainant n'était aussi profonde.
A nouveau, la vie, les autres et le ressenti. Les sentiments comment peut-on s'y faire, que ne détruit-on pas en s'y accommodant?
Asterios Polyp, semble avoir pour discours la vie de l'homme dans son ensemble, ne rejetant pas une approche structuraliste mais voulant quand même croire à la force de l'individu, comme si ce très beau livre était le grand-frêre papier du Tree of lif de Malick.
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