Asterios Polyp par tizboe
Sous des dehors complexes, le scénario d'Astérios Polyp est finalement plus accessible qu'une histoire de Blanquet chez Cornélius !
Théoriste de l'architecture aussi glacial que chevronné, le héros voit la vie à travers un prisme polarisant. De fait, il est représenté la plupart du temps de profil, comme s'il n'avait pas de face. Pour lui l'amour est une équation, et il faudra qu'il perde sa femme pour remettre en cause son système personnel. D'ailleurs on peut s'am à lire d'abord de l'œil droit : une chronique du désarroi amoureux dans l'Amérique du 21ème siècle; puis de l'œil gauche : un parcours initiatique aux accents homériques (Ithaque, sirènes,Cerbère, Cyclope).
Cette BD joue de façon notoire avec la narration imagée; en cela Mazzuchelli se positionne aux côtés de Chris Ware, Killofer ou Scott McCloud. Il irait même jusqu'à en faire trop, dans sa codification systématique des personnages, ainsi que dans une extrême simplification du traitement coloré. Cependant s'il prive délibérément son lecteur du plaisir de l'œil, c'est sans doute pour que celui-ci s'identifie mieux au héros. Et c'est bien là ce qu'est Astérios Polyp : un type sophistiqué, à l'élégance moderne comme en témoigne la (magnifique) couverture du livre, qui n'est pas là pour stimuler autre chose que votre cortex. A moins que...