Seulement, moi ... il me reste le rêve.
Une BD incroyablement douce et élégante, ou comment une femme raconte une histoire de femmes. Le dessin d'Annie Goetzinger est époustouflant de clarté et de pureté, le trait et les couleurs évoluent presque à chaque planche pour suivre les transformations de l’intrigue : les souvenirs du é, les rêves, les récits. Voici l’un des rares scénarios qui se balade dans le temps, et suit plusieurs destins sur plusieurs époques, sans jamais perdre son lecteur en route.
L’histoire est plutôt bien introduite, avec une construction très progressive, chaque page amène une nouvelle strate : c’est comme cela que Barcelonight e d’un début très doux, très anodin, à des thèmes de plus en plus durs. On se laisse emporter sans même y penser, la fluidité des dessins arrondit les angles d’une intrigue parfois un peu improbable. Catherine est une héroïne incroyablement attachante, et Annie Goetzinger réussit à introduire tout en nuances cette aventure finalement assez féministe.
Mais le véritable personnage principal, c’est Barcelone ! Aucune idée si Annie Goetzinger y a déjà mis un pied, mais on jurerait que oui. Toute l’intrigue se déroule dans une ville secouée par des bouleversements très rapides, une maigre décennie après la fin du franquisme, alors que les bulldozers refont une beauté à la ville qui doit accueillir les JO de 1992. Les quartiers à l’agonie, les chantres de la modernité, les groupes de touristes qui s’en tapent ... dépaysement garanti.
Sur une idée toute simple, le quotidien d’une femme de ménage en Espagne, Annie Goetzinger en tire un récit absolument magique, envoûtant du début à la fin. La foule des personnages secondaires qui défile montre tout le talent de l’auteure pour croquer les petits travers de chacun. La véritable élégance du hérisson, c’est Barcelonight.
Pas forcément inoubliable, et peut-être un brin trop guimauve, mais cela reste une très bonne BD malgré tout.
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