Shinnosuke est pauvre. Il appartient aux hinins, un clan méprisé et réduit en quasi esclavage. Sa mère le rejette et préfère divaguer sur des croyances oubliées. Shinnosuke essaie seulement de survivre et de protéger sa petite sœur. Un jour, il trouve un étrange masque dans un temple abandonné. Caché derrière, il se découvre un courage surprenant et bientôt une habileté au combat encore plus curieuse. Mais d’où vient ce masque ? Bah, à quoi bon se questionner quand on peut faire se qu’on veut avec ?
Cette critique couvre les 4 tomes de la série.
Saverio Tenuta s’intéresse au personnage torturé de Fudo appartenant à La légende des Nuées écarlates. Il décortique par de savants flash-back la genèse de ce personnage ainsi que son évolution jusqu’à devenir le terrible général de Ryin, la monstrueuse shogunaï.
Saverio Tenuta reprend les pinceaux, mais 10 ans sont és depuis la création de La légende des Nuées écarlates. Le trait autrefois jeune de l’artiste s’est affirmé, a gagné en maturité et en réalisme. Les aplats de couleur sont toujours présents et varient en fonction du décor afin d’insuffler une ambiance : crasse, mer, ténèbres, etc. Le rouge ressort toutefois avec autant de violence et exprime moins les tripes qui jaillissent sur les pages que la fureur qui possède le gamin.
Car oui, Saverio Tenuta renoue avec ce qui lui avait plu dans la première série de son monde, à savoir l’ultraviolence. Le Masque de Fudo est volontairement brutal, même si le sadisme est moins présent. Il s’épanche plutôt de ces pages l’immense tristesse d’un gamin perpétuellement seul qui n’arrive pas à aimer, trop consumé par sa haine. La tentative de renouer avec La légende des Nuées écarlates est un poil naïve en faisant de Ryin un instrument alors qu’il aurait bien mieux valu la laisser être juste une humaine sans amour.
C’est également un thème récurrent dans les histoires de Saverio Tenuta, des enfants privés de parents par leur décès ou leur rejet qui se transforment invariablement en monstres. Par ailleurs, il est intéressant de noter que cette histoire correspond à la croyance japonaise qui consiste à devenir ce en quoi on se déguise (d’où l’importance de l’apparence ans ce pays).
Le Masque de Fudo est un prequel sanglant de La légende des Nuées écarlates. Ces bandes dessinées construisent un personnage impressionnant qui ne brille pourtant pas tant que ça dans la première série. Mais Saverio Tenuta adore décidément son monde et ne veut pas le lâcher. On le comprend ; même horribles, ses histoires restent magnifiques.