Où l'on retrouve Antoine, Pierrot et Mimile se retournant sur un é qu'ils auraient sans doute préféré laisser profondément enfoui. Pourquoi Antoine et sa voisine Berthe se détestent autant ? Pourquoi Mimile est-il parti au bout du monde à vingt ans ? Et qui est ce marin australien, estropié et balafré, qui déambule dans les rues du village ? Autant de questions qui trouveront des réponses au fil des pages, quitte à égratigner quelque peu la respectabilité de chacun.
Dans ce troisième tome, Lupano ne se repose pas sur ses lauriers. Il aurait pu se contenter du service minimum et décliner une fois encore les ingrédients qui ont fait le succès de la série, entre militantisme bon enfant, humour ravageur et gouaille inimitable. Sauf que. Pour pimenter l'affaire, il nous montre ses personnages sous un jour plus sombre, nous plonge dans un é pas vraiment reluisant. J'ai adoré cet angle d'attaque.
Après, les vieux fourneaux restent les vieux fourneaux, et c’est ça qui est bon : remontés comme des coucous, indignés, colériques, de mauvaise foi, altruistes… et drôles, terriblement drôles. Un bonheur de retrouver également des dialogues ciselés, un ping-pong verbal permanent entre des gens qui n’arrêtent pas de se couper la parole et tombent plus souvent qu’à leur tour dans l’invective.
Antoine, Pierrot et Mimile. Des pépés flingueurs toujours aussi attachants, toujours aussi politiquement incorrects, avec chevillée au corps une indéfectible amitié. Un troisième âge qui a une pêche d’enfer et continue de croquer la vie à pleines dents.