Pour sa nouvelle BD, Alex W. Inker s’attaque au genre horrifique avec cette bande d’adolescents malmenés d’une petite ville américaine partis à la recherche d’un des leurs disparus. Si le scénario démarre comme une quête aventureuse, cette dernière se transforme peu à peu en un récit d’épouvante. En effet, le mystère autour de la disparition vire adroitement vers une atmosphère tendue et de plus en plus glauque, revisitant alors le mythe du croquemitaine. D’ailleurs, nous pouvons déceler des références évidentes à Stephen King, que ce soit Ça ou The Body (et son adaptation cinéma Stand by me). Le lecteur se laisse alors gagné par la tension et l’ambiance malsaine qui s’établit page après page. Cette noirceur est magnifiée par le graphisme et sa colorisation en noir et blanc, les planches devenant de plus en plus sombres et le visuel de plus en plus crade pour nous dévoiler une figure du mal issue du trauma de la société. Aussi, l’auteur s’approprie le roman de Thibault Vermot qu’il adapte en transposant l’action dans les 1990’s dont il restitue pertinemment l’ambiance, entre le look des adolescents, leur pratique du skate ou encore la mention de titres rock ou grunge annonçant chaque chapitre.
Si Colorado Train n’est pas à mettre entre toutes les mains, ce titre reste une réussite grâce à l’ambiance instaurée et plaira aux amateurs du genre.