Ce Dracula n'a plus grand chose à voir avec le roman originel, et c'est tant mieux, car il explore sa propre voie. Marco Cannavo a dilué un lent poison dans son texte qui se répand au fil des pages, et qui remodèle de nombreux personnages clefs du récit initial. Attendez vous à de nombreuses surprises, car plus aucune trace d'humanité ne subsiste en eux. Il n'y a pas un pour rattraper l'autre, et ce sont au mieux des benêts manipulés par des forces qui les déent. Ma seule réserve va pour la fin, trop abrupte à mon goût.
Quand au dessin de Corrado Roi il est somptueux. Je ne le connaissais pas, il a visiblement longtemps travaillé sur le fumetti Dylan Dog, comme le souligne le dossier qui termine le volume. Il fait de ce Dracula un ange des ténèbres luxurieux. On ne tait plus d'ailleurs la touche érotique de Stocker. On la surligne même. Ce qui fait de ce volume une BD pur adulte, bien qu'il n'y ait aucun age pornographique. Tout est suggéré.
C'est véritablement la première vraie bonne relecture du mythe qui m'ait été permis de lire ou de voir, tout média culturel confondu.