Lorsqu’il lui est demandé de reprendre la série Uncanny X-Men, alors en tête des ventes, le dessinateur anglais Alan Davis décline poliment l’offre, le rythme mensuel de production le rebutant sans doute. Mais le scénariste Chris Claremont n’a pas dit son dernier mot : quelques mois plus tard, il propose à l’artiste un spin-off déjanté de la célèbre équipe mutante, improbable cocktail de soap-opera et de sombre aventure à l’humour ravageur, largement inspiré des épisodes de Captain Britain –un personnage créé par lui, mais rendu célèbre par Alan Moore puis Jamie Delano .
Alan Davis accepte donc ce projet plus personnel -il a lui-même affuté ses premières armes sur Captain Britain. Et là, dès les premières pages, le trait du génial anglais fait mouche, superbement mis en valeur par l’impeccable encrage de Paul Neary puis de Mark Farmer. Première équipe de X-men basée en Angleterre, les membres d’Excalibur côtoient une galerie de mutants, d’aliens et de démons aussi drôles qu’effrayants, rencontrent leurs doubles nazis, voyagent dans le multivers.
Un personnage en particulier, Nightcrawler (Diablo en VF), gagne ici ses lettres de noblesses. Diablotin à la peau bleue imaginé par Dave Cockrum pour DC comics dans les années 70, il trouva finalement une place de choix chez Marvel, lors de la relance du titre Uncanny X-Men. Mascotte de l’équipe depuis le départ de son créateur, le mutant téléporteur quitte son statut de second rôle pour devenir membre fondateur d’Excalibur, et perd son côté chétif et indécis pour endosser petit à petit le rôle de leader de l’équipe, insufflant sa bonne humeur et son sens de la justice à toute la série.
Les splendides épisodes dessinés par Alan Davis contrastent avec ceux, sans âme, confiés à d’autres dessinateurs plus rapides. En cela réside le point faible de la série.
Mais lorsque Davis revient seul sur le titre, en tant que scénariste ET dessinateur, il boucle toutes les intrigues laissées en suspens par Claremont, et nous offre une seconde époque époustouflante, riche en rebondissements épiques, sous un trait d’une finesse et d’un dynamisme irréprochables.
Tout se finit vers le numéro#67. La série vivote pendant de longues années sans ses créateurs, puis décline lentement, sans jamais approcher le prestige de ses premiers arcs. Nightcrawler, Shadowcat et Rachel Summers quittent Meggan et Captain Britain pour redre le giron des X-Men. La parenthèse enchantée d’Excalibur est définitivement close.
Reste cette X-traordinaire série des débuts, moins sombre certes que la géniale « Dark Phoenix Saga » du duo Claremont-Byrne sur les X-men, mais d’une beauté graphique et d’une inventivité confondantes. À lire et à re-re-relire sans aucune modération.
BAMF !
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