Fritz the Cat
7.3
Fritz the Cat

BD de Robert Crumb (1999)

Le petit chat

Je n'étais alors encore qu'un enfant (12ans peut être) lorsque j'acquis la BD Fritz the Cat au détour d'une brocante parisienne, pressant candidement mon père de me l'offrir, ce qui fit volontiers, lui et moi ne nous fiant qu'à la couverture pittoresque de l'édition française ne laissant apercevoir qu'un chat facétieux fuyant, la grimace aux babines, une police représentée par des dogues échauffés.

C'est donc par cette fortune que la bulle protectrice et bourgeoise dans laquelle enfant j'évoluais, carcan culturel forgé à coup de "Petit prince", "La gloire de mon père", "Conte de Grim",... éclata, se déliât

Car bien évidemment Fritz the Cat n'est pas, du moins n'est pas uniquement, l'histoire d'un chat et si mon père avait alors connu Robert Crumb, figure de proue du comics underground américain, il m'en aurait catégoriquement défendu la lecture.
Fritz de cat est un condensé de contres cultures marginales hippies des années 60/70 et déborde d'une irrévérence, d'une insoumission contagieuse.
Je me permets alors de préciser que cette BD à grandement participer à mon éveille culturelle, érotique et à ce que je suis devenu aujourd'hui, sans savoir toutefois si je dois lui en remercier.

C'est à travers trois aventures que l'on découvre Fritz.

La première histoire "Comics & Stories" dessinée en 1964 est sans doute la moins travaillée de l'album. On y voit Fritz en tant que musicien d'un groupe de jazz qui revient triomphant en sa maison de campagne natal. Il y finit par draguer sa petite sœur alors grandit, l'entrainant frivolement dans ses vices...

La deuxième "Fritz se barre" dessinée entre octobre 1964 et février 1965, montre Fritz, étudiant, réfléchissant à sa condition, à son avenir, ses ambitions artistiques... Réflexion universelle de l'étudiant en laquelle je me retrouve à présent. S'en suit une longue tirade métaphysique à la fin de laquelle il décide de tout bruler et de partir.
Dans son aventure Fritz rencontrera des jazzmen noirs (symbolisés par des corbeaux), fera l'expérience de diverses drogues, profitera de "soirées Bukowski" (bières et femmes) et terminera sur la route (un certain esprit Kerouac)...

La troisième histoire "Fritz the cat agent spécial de la CIA" montre Fritz en agent secret (tendance James Bond) tentant de démanteler une originale attaque chinoise sur les États unis (Au détour d'une scène de cul dans les boyaux d'un géant, exquis !)

J'aimerais finalement conclure ma critique par une phrase de l'Éditeur adressé à Robert Crumb: "Nous trouvons que les dessins du petit chat que vous nous avez envoyés sont formidables. La question que nous nous posons est la suivante : comment les éditer sans aller en prison ?"
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le 30 mai 2012

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lycophron

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