The Gotham Quinn

Ce qui m’a tout de suite attiré avec ce comics, c’est cette couverture absolument magnifique qui m'a rapidement encouragé à en savoir plus. Ça va ensuite plus loin bien sûr : le fait que l’auteur-dessinateur ne soit pas américain mais croate, et que l'histoire soit centrée sur un personnage que je connais peu, Harley Quinn.

En rentrant dans le livre, j’aurais pu croire être fatigué de ces histoires où le vilain (ou le super-héros) n’est pas encore ce qu’il est, où l’on suit son évolution. Mais, en fait, pas tant que ça, heureusement. Ce qui marque davantage et d'entrée, c’est le jeu des cases et cette mise en abîme qu’il crée. Elles mettent en avant le personnage principal de façon naturelle, tout en étant habilement construites. On est vraiment avec Harleen, sans forcément penser tout de suite à Harley Quinn, et cette immersion dans son univers est clairement réussie.

Par contre, je n’ai pas été trop fan de certaines techniques scénaristiques, notamment celles qui annoncent à l’avance ce qui va arriver, du style "C'est drôle... Malgré ces beaux discours, moins de cinq mois plus tard, nous deviendrions tous deux des meurtriers..." Une fois, bien placée, pourquoi pas, mais quand ça se répète, ça devient too much et ça donne un côté un peu trop série B au récit, sans que ça soit rédhibitoire, heureusement.

En fait, ce qui m’a surtout dérangé dans cette lecture, pas de façon frontale, mais plutôt en arrière-plan, c’est de savoir dès le début où allait finir Harleen. On suit une femme brillante, marquée par son é, sans qu’il soit non plus si tumultueux, avec une culpabilité qu'elle porte, mais qui ne devrait pas être sienne. On la voit en construction, avec son intelligence et sa complexité, et pourtant, on sait qu’elle va inexorablement sombrer dans les bras d'un psychopathe. Mais non Dr. Quinzel, vous méritez mieux !

Bon, en même temps, on est à Gotham. Ici, personne n'y mène une vie simple : tout le monde devient fou, psychopathe, justicier, blessé ou, au minimum, profondément marqué. Et c’est aussi pour ça que ce comics fonctionne : il arrive à explorer d'une façon intéressante et quasi méthodique la psyché des personnages. Après, il y a quand même un petit côté show à l’américaine, avec des effets narratifs un peu trop appuyés, qui misent plus sur le style et la mise en scène que sur une narration naturelle. Je préfère quand c’est plus fluide, moins forcé, mais bon, ici c'est DC, pas Dargaud !

Au final, on a ici une belle tragédie romantique, sur fond de folie, à Gotham City, avec des personnages forts, surtout celui sur lequel le comics est centré, Harleen Quinzel, mais aussi avec un Joker en mode ensorcelant, dont le rôle se rapprocherait d'une rockstar psychopathe. En fin de compte, malgré quelques excès, ce comics nous livre une histoire poignante et captivante, au coeur d'un Gotham toujours aussi détraqué 🦇