Highschool of the Dead par Ninesisters
Les zombies sont à la mode, et il n’est finalement pas très étonnant de voir les Japonais s’emparer du phénomène.
Les auteurs de Highschool of the Dead partent du concept le plus simple qui soit : reprendre le bon vieux principe de la contamination, dans lequel nous suivons les aventures d’un groupe hétéroclite bien décidé à survivre. L’histoire est fortement inspirée des films de George A. Romero – nous y trouvons même le centre commercial – le tout transposé au Japon et emprunt de nombre de caricatures locales : personnages d’otaku et de kendoka, poitrines à l’épreuve de la gravité, culottes à gogo, et violence exacerbée. Du cinéma de zombies, nous retrouvons la lutte pour la survie, la confrontation avec des humains parfois plus dangereux que les morts-vivants eux-mêmes, ou encore la recherche des armes à feu et des produits de première nécessité (comme des soutiens-gorges à bonnet F).
Highschool of the Dead n’a aucune prétention, aucun message à faire er – contrairement aux long-métrages de Romero, qui critiquaient notamment notre société moderne – et cherche seulement à proposer un divertissement efficace, bourrin, et outrancier. Gros flingues, cerveaux de zombies qui explosent, sailorfuku mouillés, oui ce manga est extrêmement basique, voire carrément primaire.
Et vous savez quoi ? Cela fonctionne. Bien sûr, cela demande de débrancher son cerveau, d’apprécier les zombies, de er les manga à culottes, et de ne pas placer ses attentes trop haut, mais si vous répondez à tous ces impératifs, il y a véritablement moyen de prendre plaisir à la lecture de Highschool of the Dead.
Seulement, à trop vouloir acculer leurs personnages et copier ce qu’ont pu faire les productions américaines, les mangaka finissent par se retrouver dans une ime.
En effet, un film représente par définition un instant T, et un produit qui se finit au bout d’un temps donné. Dans le cas des zombies, ils se terminent bien souvent par la mort ou une fuite en avant des derniers rescapés, laissant aux spectateurs le soin de donner libre cours à leur imagination. Le problème étant généralement mondial, les protagonistes n’arrivent que rarement à régler le problème ou, au pire, à trouver refuge dans un lieu épargné par la contamination.
A l’inverse, un manga peut durer aussi longtemps que besoin, et aussi longtemps que le souhaitera l’éditeur. La mort des héros étant peu prévisible, et la fuite en avant une option inenvisageable compte-tenu du format, les auteurs se trouvent désormais coincés sans savoir comment faire évoluer leur histoire. Ils ont déjà évoqué toutes les situations classiques du genre, mais n’ont mis en place aucune porte de sortie, tout simplement car celle-ci n’existe pas dans les films dont ils s’inspirent. La série n’avance donc plus, n’évolue plus, et les mangaka n’arrivent pas à se sortir de l’ime qu’ils ont eux-mêmes conçus pour leurs personnages. La force de Walking Dead, c’est peut-être d’avoir réussi à penser le récit en fonction des spécificités du format ; tandis que Highschool of the Dead tombe dans tous les pièges évidents.
Malgré sa simplicité et une débauche de fanservice pas toujours très utile, Highschool of the Dead reste un titre d’une rare efficacité pour qui aime les morts-vivants et l’action débridée. Pas aussi mémorable que son adaptation par Madhouse, laquelle bénéficie de séquences d’animation tout bonnement hallucinantes, il s’agit d’un manga qui assume jusqu’au bout son statut de simple divertissement rempli à ras-bord de clichés. Le problème, c’est que les auteurs ne semblent pas du tout décidés à poursuivre leur série et à lui apporter une conclusion satisfaisante.