De même que l'excellent La Fièvre d'Urbicande en noir et blanc succédait au pauvre Murailles de Samaris en couleur, le monochrome L'Enfant penchée relève considérablement le niveau après le faible et coloré Brüsel.
Les auteurs ont donc recouvré l'inspiration et jouent cette fois-ci avec le de leur medium de prédilection pour se renouveler et enrichir leur récit.
Schuiten n'est jamais meilleur que lorsqu'il travaille en noir et blanc. On se demande même parfois si certaines cases ne sont pas en fait des photos par dessus lesquelles il a dessiné (sensation accentuée par le age d'Augustin vers Mary). Le doute est présent et donc un peu gênant, ce qui constitue le seul bémol de L'Enfant penchée.
On fait également une rencontre très bien venue en fin d'album qui contribue à donner de la force, de l'ampleur et de la consistance au récit ; car intégrer un personnage pour lequel on a de l'affection ne peut que permettre d'apprécier encore plus le livre.
De son côté, Peeters s'est enfin creusé la soupière pour nous concocter une histoire valable et pleine de poésie, sans négliger pour autant l'aspect tragique des événements. En émaillant l'album de références évoquant le Freaks de Tod Browning ou l’œuvre de Jules Verne en général, le scénariste et son comparse dessinateur nous offrent donc une aventure de SF steampunk très cohérente.