Rien ne va plus dans la vie du psychologue Raniero. Sa femme est sur le point de le quitter, un accident de voiture l’oblige à porter une minerve, des cambrioleurs s’introduisent chez lui et le ent à tabac et pour couronner le tout il aperçoit dans le ciel d’étranges formes triangulaires qui ne peuvent être que des ovnis. Quand Dora, une jeune patiente de trente ans sa cadette, lui affirme être en télépathique avec des extraterrestres, Raniero voit ses certitudes vaciller.
Petite précision qui a son importance, nous sommes en 2048. Les voitures sont téléguidées et la jeunesse, en rupture avec les aînés s’est rangée sous la bannière d’une « nouvelle convention » prônant la « non exclusivité émotive et sexuelle.» Raniero reste de la vieille école. Pourtant il comprend que les bouleversements à venir vont tout changer…
Fascinant, voila comment je qualifierais cet album. Fascinant par sa faculté à saupoudrer avec le plus grand naturel une touche futuriste dans le quotidien d’un homme qui pourrait être d’aujourd’hui. Fascinant par la poésie graphique déployée tout au long de ses 175 pages. Manuele Fior fait preuve d’une inventivité incroyable. Son trait charbonneux semble parfois élastique et son découpage multiplie les angles de vue plus audacieux les uns que les autres. Une démonstration technique qui reste constamment au service de la narration pour mieux la magnifier.
L’entrevue est à la fois une histoire d’amour et une réflexion métaphysique sur le sens de la vie. Raniero est un homme à la croisée des chemins, ébranlé par une réalité qui lui échappe. Un homme au bord du précipice, hésitant à sauter le pas vers l’inconnu(e) qui lui tend les bras. L’ensemble reste néanmoins léger et pousse à la réflexion. Une vraie grande réussite.