Dans L’Oreille bouchée, Lupano et Cauuet nous invitent à une nouvelle escapade avec leur trio de papys rock’n’roll et, spoiler alert, ça fait encore des étincelles… mais un peu moins qu’avant. On retrouve notre cocktail habituel de râleries, d’idées piquantes et de situations farfelues, sauf qu’ici, le gaz a un chouia perdu de sa pression.
D’entrée de jeu, le titre donne le ton : cette fois, c’est une aventure auditive et sociétale qui nous attend, avec des envolées entre acouphènes philosophiques et débats sur les injustices qui font du bruit… mais pas assez dans ce monde sourd. On salue l’ambition, mais il faut avouer que l’intrigue manque un peu de pep’s. Les coups de gueule fusent toujours, mais certaines blagues tapent dans le mou, un peu comme un pétard mouillé qui n’explose pas vraiment, juste un "pfff".
Les personnages, eux, restent fidèles à eux-mêmes, et c’est un plaisir de revoir Pierrot, Mimile et Antoine aligner punchlines et dialogues ciselés. Mention spéciale à l’incroyable Mimile, qui prouve une fois de plus que le troisième âge est le premier en termes de dézingage. Les thématiques sociétales restent pertinentes, même si elles peinent parfois à surprendre. Lupano continue de cre là où ça fait mal, mais cette fois, on aurait aimé une pelle un peu plus affûtée.
Côté dessin, Paul Cauuet continue de faire des merveilles. Les visages sont expressifs, les décors chaleureux, et on sent l’amour du détail dans chaque case. C’est beau, c’est maîtrisé, mais on aurait aimé un petit souffle de folie supplémentaire pour réveiller les tympans endormis.
En résumé, L’Oreille bouchée reste une lecture agréable, comme un bon vieux disque qu’on remet sur la platine, mais dont on connaît un peu trop bien les craquements. Les fans des Vieux Fourneaux y trouveront leur dose de piquant et de tendresse, mais ceux qui attendaient une explosion sonore resteront peut-être sur leur faim. Ça s’écoute bien, mais ce n’est pas l’album de la décennie.