La vie quotidienne qui dégénère, l’absurde, le mordant, tout le tralala… La Clôture ne contredit pas l’ensemble des poncifs qui émergent dès qu’il est question de Fabcaro depuis Zaï zaï zaï zaï.
S’y limiter, ce serait oublier que cet absurde-là n’est pas juste une déconnade, un truc marrant qui serait dans l’air du temps – un temps d’où la logique est souvent absente, pour le dire en termes feutrés. Oui, une journée dans les années 2020 ressemble à un carambolage d’activités qui n’ont rien à voir entre elles : c’est ce que nous dit la publicité pour nous vendre un peu de merde en plus, c’est ce que montrait dès 2009 la Clôture, qui n’a rien à vendre – on ne peut pas parler d’une exploitation d’un « filon » Zaï zaï zaï zaï.
Dans le même temps, il y a dans cet album quelque chose d’extrêmement ludique. On pense parfois – le fer à reer – à la coccinelle de Gotlib qui se baladait d’une planche à l’autre, ou à la crêpe du Retour des tomates tueuses qui retombe après une moitié de film.
S’il y avait un autre parallèle à dresser, sans doute plus suivi, ce serait de mettre en relation la Clôture avec la partie « absurde » de l’œuvre de Bruno Dumont : Jeannette, Ma Loute, les deux saisons de P’tit Quinquin… Dans les deux cas, une fantaisie qui en dit cent fois plus sur le réel que la première œuvre réaliste venue ; une fiction pas plus insensée que notre monde (le chapeau de lapin, « Ch’tiderman », les comédies musicales) ; un lecteur / spectateur qu’on ne prend ni pour une peluche à caresser, ni pour un bouffeur de McDo.
Et de la même façon que les films de Dumont parlent aussi de cinéma, la Clôture parle de bande dessinée. Il y a une clôture qu’un personnage doit réparer – ça, c’est sur la quatrième de couverture –, mais la clôture est aussi un des enjeux de l’album.