La Cour des hiboux - Batman, tome 1 par arnonaud
Ce Batman "la cour des hiboux" a la lourde tâche d’inaugurer la carrière new 52 de Batman. Tâche complexe puisqu’il faudra se montrer à la hauteur, si ce n’est meilleur, que l’âge précédent qui avait eu le droit à des récits mythiques comme Year One, Un Long Halloween, The Killing Joke, et d’autres que je n’ai pas lu (je lis pas des comics depuis hyper longtemps, donc bon, j’ai pas encore tout lu...)... Il va être difficile de les faire oublier et de les remplacer par la nouvelle mythologie Batman, qui sera similaire, on s’en doute, mais avec suffisamment de différences pour faire tiquer les fans de l’ancien âge et leur laisser un goût amer dans la bouche.
Pour ce premier volume, on peut en tout cas dire que l’introduction est de très bonne facture, avec une bonne histoire qui gagnera sûrement en grandeur avec sa conclusion dans le tome suivant. Le plus important c’est que cet arc propose des choses suffisamment intéressantes pour faire oublier les maladresses (ou le style, c’est selon) de Snyder. Et qui, cette fois, n’est pas plombé par le style maladroit (ou dégueulasse, c’est selon) de Jock dans Sombre Reflet (enfin, on dira plutôt que j’ai pas trouvé ça à mon goût...).
Cette fois le dessin est assuré par un très bon Capullo, au style particulier mais pas déplaisant et très efficace dans les scènes plus torturés de la fin de volume (de toute manière, le chapitre 5 est génial, que ce soit en terme de dessin ou d’écritures...). A contrario son Bruce Wayne a quand même une sale gueule, et Jim Gordon n’est pas aidé non plus (également au niveau de l’écriture par Snyder, le personnage est en retrait et semble loin du Gordon super charismatique de Year One ou Un Long Halloween...). Bref, au niveau dessin, c’est clair, efficace, dynamique, ça sert tout de même bien l’histoire, et la mise en page est bien foutue.
C’est plus niveau scénario que ça pêche, avec Snyder qui peut pas s’empêcher de transformer Bruce Wayne/Batman en encyclopédie (tendance qu’avait déjà Dick Grayson dans Sombre Reflet d’ailleurs...) qui sort des explications de nulle part sur l’architecture, la faune ou je ne sais quel procédé chimique ou nouvelle technologie de SF que Bruce Wayne semble adorer. C’est sympa mais un peu lourdingue... Et on a aussi le droit à des twists sortis de derrière les fagots dans les situations critiques et à certains ages qui ne paraissent pas au premier abord hyper logiques... Mais à côté de ça on a de bons méchants, mystérieux à souhaits, un Bruce Wayne et un Dick Grayson bien caractérisés et attachants (même si Bruce a désormais pour 2e prénom Wikipédia), un chapitre 5 bien sympa et inventif et on sent la volonté de faire une grande et bonne histoire de Batman dont le lecteur se souviendra.
Pour conclure, ça reste un très bon/excellent premier volume dont on aurait tord de se priver à part si on est allergique au style Snyder... J’ai beaucoup appuyé sur les défauts de la narration, mais c’est franchement très prenant, et voir Bruce Wayne aussi désorienté que ça par ces nouveaux ennemis alors qu’on le connaît toujours sûr de lui (ou en tout cas, moins troublé que là...), c’est vraiment génial. Et puis c’est quand même chouette graphiquement, et ça n’annonce que du bon pour le prochain volume.