Peeters s'amuse, nous aussi.
Par ses qualités indéniables de mise en place de l'univers SF, des personnages et des multiples intrigues, on pouvait pardonner au premier tome le vieux coup de la perte de mémoire (procédé narratif usé jusqu'à la moelle permettant à l'auteur d'avancer dans son récit tout en dévoilant des éléments és pour donner de l'épaisseur à son développement avec un côté "révélations").
Avec ce deuxième tome, c'est grâce à la diffusion au compte-gouttes d'informations intriguantes que le lecteur pardonne à l'auteur ce procédé narratif qui ne surprend plus personne.
Au compte-gouttes car la part belle est faite à l'exploration et à l'aventure dans ce deuxième tome : Peeters met à profit tout son talent pour imaginer une planète peuplée de créatures plus ou moins dangereuses, nées du développement accéléré de la vie suite à l'introduction d'Aâma sur Ona(ji). Quel plaisir de suivre l'expédition dans sa découverte fascinante des résultats de l'expérimenation du Dr Woland !
L'intrigue elle, n'avance quasiment pas d'un iota jusqu'aux 3/4 du tome lorsque Rajeev, fraîchement rallié à l'équipe, livre ses premières explications quant aux phénomènes incontrôlables qu'a provoqué Aâma. En reliant cette technologie à Verloc, Conrad et Lilja, ses suppositions permettent d'éclairer sous un jour nouveau les nombreux flash-backs de Verloc qui deviennent enfin de véritables éléments de narration.
Les dernières pages viennent installer le cliffhanger de coutume, annonçant une confrontation hommes/machines-nature qui ne me réjouit pas outre-mesure mais qui, dans les mains de Peeters, peut donner quelque chose de très intéressant malgré tout.
Bref un tome qui confirme les qualités de la série (dessin et mise en scène extrêmement maîtrisés, scénario qui prend en épaisseur sans perdre de lisibilité, propos cohérent et intelligent sur l'évolution et la génétique...) et l'emmène vers des sommets d'aventure, un vrai régal.
Que ça va être long d'attendre la suite pour savoir où Peteers nous emmène !