Deep in the Heart of Texas
Le pitch : pourquoi Steve Warson est-il si bougon ?
Suite directe de « Le 13 est au départ », ce sixième album débute une minute après la fin du précédent, à la victoire des Vaillante au Mans. Mais Papa Vaillant a des rêves de grand capital, et veut conquérir le marché des Yankees. Toute la troupe s'embarque aussitôt pour le Far West, pour faire triompher cette fois outre-Atlantique la marque au « V ». C'est l'idée forte de cet album, et qui en fait toute l'originalité : Jean Graton montre l'envers des courses automobiles, qui servent de vitrine aux différents constructeurs pour conquérir des parts de marché. La lutte pour la pole position n'est que le reflet saillant de la bataille commerciale entre les usines Vaillant et les marques américaines.
Le changement de décor permet d'introduire des scènes nouvelles : un ranch texan et un rodéo, puis la course Carrera Panamericana à travers le Mexique. Jean Graton s'offre un petit plaisir, ainsi qu'aux ionnés de course, en ressuscitant cette course « Mexicana », interdite en 1955 en raison du nombre affolant de décès, pilotes et spectateurs confondus. En revanche, ramassée sur quelques pages à peine, cette grande odyssée manque un peu d'intensité dans le récit.
Malgré l'Amérique, malgré les idées neuves, malgré la trouvaille d'un antagonisme entre Michel et Steve, ... l'intrigue est molle. Jean Graton récupère d'Hergé une (mauvaise) habitude, celle de développer une énigme sur des dizaines de planches, puis de la solutionner à la dernière page avec des dialogues interminables ; l'explication de Steve Warson est un modèle du genre, incroyablement longue, et pas bien palpitante. On reconnaît quand même à Jean Graton la volonté d'ancrer son récit dans le contexte de la Guerre froide, mais c'est tout.
Un épisode au pivot central trop faible, et qui déçoit un peu. (Et la blague des radis, c'était bof.)