En plein cœur de la Bretagne contemporaine, un portail magique tenu par des druides dissimule l'accès à un monde invisible.
Débuts d'une série écolo-bisounours qui non contents de tourner à vide, enfilent les clichés comme des perles. Rien ne nous est épargné : la petite 2CV des familles qui nous fait le coup de la panne en pleine carte postale bretonne, les bons campagnards éloignés de tout progrès en phase avec Mère Nature - évidemment des druides (puisque on vous dit qu'on est en Bretagne !), la parisienne type - râleuse et sophistiquée, le mythe du bon sauvage étiquetté à la tribu autochtone du monde parallèle - de paisibles humanoïdes bleuâtres nommés "le Petit peuple"... (schtroumpf qui peut l'imagination). Grosso modo les poncifs qui hantent la fantasy franco-belge de tête de gondole depuis 30 ans.
Sauf qu'ici, à l'inverse du 1er cycle de Balade au bout du monde, tout est simpliste et gentillet. La révélation du monde caché, en plus d'être faite à la première parisienne venue, ne dérange personne. Ni les gardiens du temple, pourtant tenus au secret de génération en génération, ni le Petit peuple, pourtant préservé de la convoitise de l'espèce humaine (à l'exception des druides-eurs). Même la citadine, d'abord incrédule, ne semble pas chamboulée outre mesure une fois ée la frontière. Le prétexte de ses lunettes perdues de l'autre côté, puis la grande disposition d'une petite indigène à l'aider coûte que coûte à retrouver son chemin, en disent long sur les facilités scénaristiques déployées par les auteurs.
Le reste de l'album suit une procession mystico-pouêt pouêt qui n'en finit pas. L'occasion d'irer les couleurs chatoyantes de François Lapierre couplées au trait expressif et au découpage dynamique de Vincent Mallié - clone de Loisel (ici co-scénariste auprès d'un Djian en mode pilote automatique). La dernière planche tente brillamment le cliffhanger par sa démesure, mais c'est trop tard. Le lecteur est parti se replonger dans La Quête de l'oiseau du temps depuis longtemps.