Bons baisers de Brazil

Né au milieu des années 1960, Bruno Brazil s'inscrit dans la mouvance bondienne. Homme mûr, présenté comme étant le meilleur agent américain d'une agence de renseignement et de contre-espionnage, il évolue dans un monde où le danger n'est pas de pacotille. Ceux qu'ils côtoient sont ainsi susceptibles de mourir d'une planche à l'autre, rappelant ainsi que lui-même survit à ses missions parce qu'il est d'une extrême vigilance. Son côté "meilleur agent" qui raconte aux autres ce qu'il faut faire lui donne un petit air hautain mais la BD a aussi besoin d'un héros viril et efficace. James Bond n'est pas autre chose. On pardonne donc ce petit péché d'orgueil qui transparaît dans certaines situations. On le pardonne d'autant plus que c'est parce qu'il est le meilleur que l'intrigue avance et se dénoue.


L'intrigue de ce premier opus n'est pas haletante, il faut bien en convenir, mais elle a le mérite de poser l'univers de Bruno Brazil. Si le principe de la saga évoluera dès l'album suivant avec l'introduction du commando qui l'accompagnera dans ses aventures, ses multiples ingrédients sont ici présentés : guerre froide, ancien nazi, pays fictif d'Amérique du Sud, différents services de l'espionnage de différents pays, coups tordus, pièges, infiltration, action, etc. Et Bruno Brazil étant présenté comme le meilleur agent, on lui confie les missions les plus périlleuses dans les quatre coins du monde. Si le récit, très classique, manque parfois de consistance, le dessin de William Vance en impose. Toujours très soigné et réaliste, il participe à la création de cet univers très premier degré où le danger est partout.


Si on peut reprocher au dessinateur sa difficulté à créer des personnages au physique différent (Bruno Brazil, c'est un peu XIII avec des cheveux blancs), les décors et les atmosphères sont parfaitement rendus. Entre les voitures, les paysages et les espaces urbains, William Vance crée des planches très dynamiques qui collent parfaitement au rythme de l'aventure. Notons aussi de superbes cases, notamment quand Bruno Brazil fait de la plongée, qui, avec d'audacieux choix de cadrage, donnent de l'épaisseur à certaines séquences. Certes, dans ce premier opus, tout n'est pas encore en place. L'intrigue est plutôt décevante en même temps que sa résolution qui manque de punch. Cependant le potentiel est là et on imagine que la suite sera à la hauteur d'un projet qui ne manque pas d'atouts.

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le 24 juil. 2022

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