Universal War One est une série de BD que je chéris. A l’époque de la sortie du sixième album, Bajram (l’auteur) évoquait déjà la possibilité de deux prochains cycles, sobrement intitulés Universal War Two et Universal War Three. Bonne nouvelle : ça a pris du temps, mais la seconde guerre universelle est à nos portes.
Même s’il s’agit d’éviter de spoiler au maximum, entamons par une petite remise en contexte. Universal War One narrait les aventures de l’escadrille Purgatory, une bande de soldats, en bisbille avec leur hiérarchie, plongés au milieu d’une « drôle de guerre » entre le gouvernement des Terres Unies et les compagnies propriétaires des planètes extérieures du système solaire. Le lecteur assistait à la progressive descente aux enfers de l’humanité, et au périple désespéré de cette escadrille de bras cassés pour sauver la situation, notamment grâce à Kalish, le génie-scientifique-ronchon-au-grand-cœur de l’histoire. J’ai trouvé ça très bien tourné jusqu’à la fin qui, elle, m’a vraiment décontenancé.
Le Temps du désert, premier tome d’Universal War Two, prend place treize ans après cette fin. L’humanité est mal en point. Ses sauveteurs sont de facto les nouveaux dirigeants du système solaire et ça ne se e pas très bien, malgré leur avance technologique et leurs bonnes intentions. Sur Mars, la tension est palpable, les anciens héros sont discrédités et la violence renaît. D’ailleurs, une puissance qui envahit une zone pour sauver un peuple opprimé, puis qui reste sur place pour prendre en charge les autochtones, ça ne vous rappelle rien ? C’est en effet peu de dire que cette histoire s’inspire de manière quasi transparente des escapades américaines en Afghanistan et en Irak.
Heureusement il y a plus, sinon ce serait trop facile. Alors que les dirigeants tentent de sauver le Soleil (lui aussi condamné à brève échéance, conséquence des événements du premier cycle), un gigantesque triangle noir surgit à sa surface, avant de se multiplier rapidement. C’est là toute la force de cette série : amener des thèmes contemporains dans un futur plus ou moins crédible et les mélanger à des mystères insondables et vertigineux. Universal War One avait le Mur et le voyage dans le temps, qui sait ce que nous amène Universal War Two ? Des triangles, pour commencer. Mais les deux premières planches de l’album annoncent beaucoup plus et donnent déjà quelques pistes de réponses.
Le Temps du désert est un album un peu paradoxal qui m’amène inévitablement à comparer ce début de cycle au précédent. Là où le premier opus d’Universal War One nous plongeait directement dans le vif du sujet, il s’agit plutôt ici d’une introduction conséquente mais d’une introduction quand même. On cerne plus ou moins quels seront les personnages principaux (exit l’escadrille Purgatory, bonjour Théa-la-descendante-de-Kalish) et quelques enjeux apparaissent, mais sans plus. Alors que certaines scènes de La Genèse étaient véritablement marquantes, je n’ai pas retrouvé la même intensité dans cet album-ci (toutes proportions gardées évidemment : ça reste un beau bordel).
Le dessin est lui dans la continuité du précédent : réaliste et clinquant. Les scènes dans l’espace sont toujours aussi classes, et les cases plus terre-à-terre ne sont pas en reste. En fait, Le Temps du désert est un épisode très prometteur, à défaut de répondre à toutes les promesses. La première lecture m’a laissé un peu perplexe en raison de la transparence un peu facile du propos, la seconde m’a déjà davantage convaincu. Bajram a en tout cas replongé l’humanité dans une belle merde, je m’attends à peu près à tout pour la suite et je suis content.
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