Avec Le Trio de l’étrange (1972), Roger Leloup donne le coup d’envoi des aventures de Yoko Tsuno, ingénieure électronicienne et aventurière badass avant l’heure. Ce premier tome pose les bases d’une série où science, mystère, et suspense s’entrelacent avec une précision presque chirurgicale. Si les débuts de l’héroïne sont encore un peu sages, l’album reste une belle entrée en matière pour ce qui deviendra une saga culte.
L’intrigue démarre fort : Yoko, accompagnée de Vic et Pol, découvre une base souterraine mystérieuse et des Vinéens, des aliens bleus aussi élégants que secrets. Ce qui suit est un mélange d’exploration, de révélations, et de course contre la montre pour empêcher une catastrophe. Si l’histoire est un poil classique pour de la science-fiction, elle est rythmée, efficace, et pleine de moments qui gardent le lecteur accroché.
Yoko Tsuno, dès ce premier tome, impose sa présence. Intelligente, courageuse, et toujours pragmatique, elle s’impose rapidement comme la leader naturelle du trio. Sa capacité à garder son sang-froid face à des technologies extraterrestres ou des situations tendues est impressionnante, même si son personnage manque encore un peu de profondeur. Quant à Vic et Pol, ils apportent une touche d’humour et de légèreté, mais peinent parfois à exister face au charisme de Yoko.
Visuellement, Roger Leloup montre déjà son amour pour le détail. Les décors, notamment la base souterraine et les machines extraterrestres, sont d’une précision presque scientifique, donnant à l’univers une crédibilité visuelle qui renforce l’immersion. Les personnages, bien que dessinés dans un style un peu rigide, expriment clairement leurs émotions, et les scènes d’action sont dynamiques et bien construites.
Narrativement, Le Trio de l’étrange pose des thématiques qui reviendront dans la série : la fascination pour la technologie, les relations entre espèces, et les dilemmes éthiques. Cependant, cet album reste assez linéaire et se concentre davantage sur l’action et les découvertes que sur les enjeux émotionnels ou philosophiques. Cela dit, pour une première aventure, c’est une réussite.
Le rythme est globalement bon, même si certains ages explicatifs sur la technologie ou les plans des Vinéens ralentissent un peu l’action. Mais ces moments, typiques du style de Leloup, plairont aux lecteurs qui aiment les récits qui prennent le temps de poser les bases.
En résumé, Le Trio de l’étrange est un début prometteur pour la série Yoko Tsuno. Roger Leloup livre une aventure captivante qui mêle science-fiction et exploration avec une héroïne qui ne demande qu’à être développée davantage. Bien que l’album reste un peu sage comparé aux épisodes plus audacieux qui suivront, il offre une introduction solide et accessible à l’univers de Yoko. Un tome parfait pour embarquer à bord du vaisseau Vinéen et découvrir une héroïne qui n’a pas fini de faire parler d’elle.