Les Armes du Méta-Baron par Rohagus
Je suis plutôt amateur des scénarios de Jodorowsky et de son univers Space-Opera. L'Incal, Avant l'Incal et les premiers tomes de La Caste des Méta-barons sont de très bons souvenirs pour moi, mettant en place un univers complexe, varié et original. Mais ce nouvel album, Les Armes du Méta-Baron, combine à mes yeux les défauts les plus manifestes des derniers tomes de La Caste des Méta-barons et de la série Les Technopères.
Jodo tombe dans les travers que je lui reproche régulièrement, ceux qui consistent à oublier toute crédibilité à son récit pour en faire un pamphlet mystique à base de surenchères fantastico-oniriques et de rites initiatiques à toutes les sauces.
Et quel dommage, car une fois de plus, Jodo a su s'entourer de bons, voire très bons dessinateurs.
Le trait de Janjetov est sans défaut, si ce n'est que ses personnages me rappellent trop Les Technopères. Cette simple similitude graphique avec une série qui m'a fortement déçu suffit à me troubler.
Le trait de Charest est impressionnant de travail. Son graphisme est fortement assisté par ordinateur, proche de l'image de synthèse par moment. Ses personnages sont un peu figés, notamment de visages, mais l'ensemble est très esthétique. Dommage que le découpage et la mise en page narrative ne soit pas du même niveau, rendant nombre de planches confuses et difficiles à lire.
Et il est un peu étrange aussi de voir de nettes différences entre les représentations de l'un et l'autre de ces deux dessinateurs. La méta-nef, par exemple, n'a rien à voir suivant qu'elle soit dessinée par Janjetov ou par Charest. C'est tout simplement un autre vaisseau alors que ce n'est pas sensé être le cas dans le récit. A croire qu'ils ont travaillé en parallèle sans savoir ce que faisait l'autre, impliquant de telles incohérences graphiques.
Au final, on a un bel album, joli à feuilleter ou à irer, mais qui ne tient pas la route au niveau du scénario. Non seulement je le trouve creux et vide, mais en plus je suis gavé de ces délires mystiques dont Jodo nous arrose dans nombre de ses bandes dessinées récentes, resservies encore et encore de manière tellement similaire.
Il faut vraiment aimer ça, et ce n'est plus mon cas depuis sa première série du genre, Le Lama blanc.