Humanité à la dérive ?

Un manga très délicat. Délicat dans sa façon de traiter les thèmes qu'il aborde, délicat à classer aussi. A première vue on pourrait y voir un scénario de science-fiction allant chercher du côté des "Dune" de Frank Herbert...rapidement la magie qui s'installe nous ferait plus pencher pour une histoire teintée de fantasy. Enfin, les allures un peu steampunk de certains décors viennent confirmer que cette saga s'inscrira à la croisée des genres, en dehors du temps, pour mieux aborder ce thème avec poésie et liberté.


Le dessin d'Abi Umeda rappelle la finesse de celui de Miyazaki, dans les paysages, la faune, la flore, les expressions, et l'ambiance poétique qui en ressort de manière générale. Les couvertures de la saga sont joliement mises en couleurs et attirent le regard très facilement. Le dessin à l'image de l'architecture ensablée parait toujours à deux doigts de s'effriter sous nos yeux. On s'attend à tout voir disparaître, à l'image des héros.


Du côté du scénario, c'est réfléchi, mesuré...au fil des pages ont sent que l'auteur à réfléchi aux symboles derrière les idées pour nous parler du temps qui e, des émotions qui rongent, de la place de l'écriture comme volonté de laisser une trace, le deuil et enfin le risque de n'accepter ni l'aspect éphémère de nos existences et la beauté de l'instant présent. Une humanité à la dérive, toujours résolu à se mettre en quête d'un ailleurs. C'est toujours un plaisir de lire un auteur qui pense le conte qu'il propose pour aller un peu plus loin que ce qu'il se e en surface.


L'histoire est racontée par Chakuro, enfant scribe à bord de "la baleine de glaise", île-vaisseau voguant sur la mer de sable. Sur ce bateau à la dérive vivent 513 personnes. 90% de la population possède un pouvoir, le saimian puisant sa force dans les émotions du détenteur. Un don utile, mais qui destine ces membres de l'équipage à mourir très jeune. Les 10% de la population restants, les non-marqués vivent beaucoup plus vieux, et représentent donc l'autorité sur le vaisseau. La rencontre d'une autre femme venue d'ailleurs va venir remettre en question la possibilité d'autres survivants que les navigateurs et les intérêts que leur recherche pourrait apportée.


En bref, une lecture que je conseille pour un début de saga prometteur. Même si ce premier tome a des airs de genèse ( il faut bien commencer par mettre les choses en place...) il allie joliment poésie, sensibilité et questions lourdes de sens sur fond de récit d'aventure. Aux fans de Miyazaki et d'Herbert, c'est une idée de lecture à saisir au vol.

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le 3 déc. 2016

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Mawelle

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