A travers son personnage fétiche Corto Maltese, Hugo Pratt nous offre une relecture chimérique de l'Afrique, basée sur ses souvenirs d'une part, et son imagination si particulière de l'autre, son talent de conteur inimitable.
C'est également une Afrique troublée par les remous de la première guerre mondiale, les dissensions religieuses, le mépris occidental, la colonisation à son paroxysme.
Le personnage de Cush nous offre la violence et l'intransigeance, la fierté et le refus l'oppresseur, quel qu'il soit. On le retrouvera plus tard dans Les scorpions du désert, plus assagi après son avec Corto, regrettant son compagnon d'alors...
L'opposition de Corto et de Cush est le fil directeur de cet album (à l'exception de la dernière histoire, non moins ionnante). Leur antagonisme de départ se mue en respect puis en amitié sincère, malgré leurs divergences de points de vues.
L'apprivoisement des deux personnages est fascinant à lire, tout en "délicatesse", avec le style de dessin envoûtant et des histoires comme seul Hugo Pratt savait les inventer.