Nana
7.2
Nana

Manga de Ai Yazawa (2000)

Je n'aime pas les shojo. Sauf Nana.

Je suis une meuf fleur-bleu qui n'assume pas. Ou plutôt, qui est exigeante. Du coup, il y a peu de fictions romantiques, notamment de mangas shojo, qui trouvent grâce à mes yeux (alors que j'en cherche pour satisfaire ce côté fleur-bleu non assumé).

Et puis un jour, j'ai regardé Nana. Puis j'ai lu Nana. Et j'ai tellement aimé que je suis encore devenue encore plus exigeante pour apprécier un shojo.

Car Nana est devenu mon maître étalon du genre.

Je n'étais pourtant pas encline à lui donner une chance au début. Quand ça a commencé à être diffusé à la tv, je me disais: "pfff, je parie que c'est encore une histoire à l'eau de rose pour fillettes romantiques avec des personnages qui vous prennent la tête. No, thanks."

Et puis à force de tomber dessus sur MCM, bah j'ai commencé à changer d'avis... radicalement.

Car toute personne qui se sera plongée dans l'univers particulier de ce manga (ou de toute autre oeuvre de Yazawa en fait) vous le diront: ce n'est pas un shojo comme les autres. Il sort résolument des sentier battus grâce au travail exceptionnel que l'auteur a effectué sur ses personnages.

Bien sûr, le manga se démarque aussi par la coolitude qui suinte de ses dessins (surtout le style vestimentaire des perso) et de son univers punk rock underground de Tokyo.

Mais c'est vraiment les personnages qui sont responsables de l'énorme succès de ce manga. Ils sont beaucoup plus réalistes dans leurs caractères et leurs réactions que dans les autres oeuvres. Ils ont tous des qualités et des défauts, sans artifice, qui les rendent humains et qui fait qu'on se reconnait en eux. Et c'est précisément ça qui a autant plu.

  • Aucun personnage n'est tout blanc ou tout noir. Et sûrement pas Nana Komatsu ("Hachi"), l'une des 2 héroïnes. On est loin du cliché de la lycéenne niaise, mignonne, courageuse, naïve et sans défaut (et sans personnalité) qui pullulent généralement dans les shojo. Elle est certes cu-cul, bien intentionnée et romantique à outrance, mais elle est aussi faible, égoïste et incapable de fonctionner sans un homme dans sa vie. Et elle le sait, et s'en veut.
  • Quant à l'autre héroine, Nana Osaki, elle n'est clairement pas non plus une female alpha à la Lady Oscar, comme on pourrait le croire au début. Et pourtant, j'adore Oscar, mais en termes de développement, Nana O. est encore plus intéressante, car moins linéaire avec sa possessivité excessive derrière son attitude cool, dû à l'abandon de personnes importantes dans sa vie (d'abord sa mère, puis Ren).
  • Et enfin, les autres personnages, waouw. Yazu pète la classe, Takumi est un réel connard qu'on déteste, mais qu'on comprend, Shin est un pauvre gamin qu'on a envie de protéger en vain contre les coups durs de la vie, Leila est adorable malgré son attachement pour la mauvaise personne, Nobu est choupidou (même s'il est peut-être le moins intéressant de la bande), et Ren... Ren!! Je m'en remets toujours pas (ceux qui savent, savent).

L'intrigue en elle-même n'est qu'un prétexte à l'évolution de chaque personnage. En gros, on plante un décor, on y met des personnalités complexes et on découvre ce qui se e. Et ça e super bien!

Et puis ça fait du bien d'avoir une histoire ou y a pas de "méchant" et de "gentil", et surtout, pas de carré amoureux à la zob, avec une rivale débile qui ne dévoile un côté vulnérable qu'au bout du 56e chapitre, juste pour dire "z'avez vu? c'est pas tant que ça une connasse" (si, si, c'en est une).

Alors que dans Nana, il n'y a pas de protagonistes vs antagonistes, mais juste des personnes qui font des choix tantôt égoïstes, tantôt pour protéger une autre personne. Par exemple, quand Takumi apparait, on se dit que c'est lui le "méchant" de l'histoire, car il se comporte comme un parfait connard avec Hachi. Et puis quelques pages plus loin, il fait ou dit quelque chose qui nous fout un doute. On voit l'histoire de son point de vue, et du coup, on se met à ressentir une certaine empathie pour lui, et il n'apparait plus tellement comme un antagoniste.

Et c'est là tout le talent narratif de Yazawa.

J'espère qu'elle se remettra un jour de sa maladie et qu'elle sera capable de terminer ce monument du shojo qu'elle a laissé inachevé. Ca serait tellement dommage qu'il reste sans fin (surtout avec les éléments qu'elle a commencé à distiller dans les flash-forwards. On veut savoir à qui est ce gamin!!).

10
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Créée

le 5 avr. 2024

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