Naruto n 'usurpe pas sa popularité. Le manga apporte des concepts novateurs, des ambiances originales et des valeurs nobles qui ont inspiré des générations d’enfants et d’auteurs qui, soit lui vouent un véritable culte, soit s’en inspirent largement pour leurs propres créations (c’est un terme gentil pour ne pas dire “copier sans vergogne”).
Cependant, s’il y a bien un terme qui correspond parfaitement à l'œuvre, c’est inégal. Si Naruto fut la locomotive de la plupart des shonen nekketsu qui sont venus après lui, il accumule toutes les tares que l’on retrouve encore de nos jours dans les mangas du genre. Voici une petite liste non exhaustive avec un exemple à chaque argument, sinon ce serait trop long :
- Conséquence d’ellipses mal gérées. Si la première partie est autant perçue comme étant l'âge d’or du manga, c'est en grande partie causé par cette cassure qui change trop l’ambiance, la personnalité des personnages et la qualité du manga. Il y a une nette différence et un net déclin entre les deux parties de l'œuvre.
- Trop de personnages, donc sous-exploitation d’une bonne partie d’entre eux. Juste un nom : Shino Aburame. Il s’est é quoi avec ce personnage ? Design marquant, concept de combat intéressant et porteur de grandes possibilités… pourquoi n’a-t-il aucun combat d’envergure ? Pourquoi ne le revoit-on quasiment plus ? POURQUOI ?
- À l’inverse, surexploitation de certains membres du casting. Je ne vais pas être original, mais Sasuke est beaucoup trop présent pour son propre bien. Lui, son clan et son absence d’objectifs définis montrent déjà leurs limites dans la première partie du manga, et il semble omniprésent dans la deuxième. J’ai très envie de le comparer à Vegeta là tout de suite, mais je n’irai pas sur cette voie de la facilité.
- La surenchère. Plus de 26 ans après, le problème est toujours présent dans les shonen. On commence par un manga atypique qui avait l’occasion de se démarquer de Dragon Ball en proposant avant tout des combats tactiques extrapolant les techniques ninja traditionnelles. On finit par précisément l’inverse, c'est-à-dire des combats de ki bourrin à rallonge face à des ennemis qui sont littéralement des dieux. Être “over the top”, c’est bien, mais il faut savoir doser. La fin veut tellement relancer la sauce qu’on est au-delà de l’indigestion.
- Beaucoup trop long pour son propre bien. L’arc final, avec ses personnages ressuscités, ses grands méchants qui changent tous les dix chapitres et l’antagoniste final qui débarque de nulle part comme si ce n’était pas son manga, est un bel exemple de ce problème. 72 tomes, c’est BEAUCOUP trop.
Histoire d’équilibrer mon avis, je tiens à signaler que la personnalité de Naruto est LE point positif de la deuxième partie du manga. Je le trouve assez inable durant une bonne partie de son enfance, mais il change énormément après son ellipse et la mort de son maître. Plus mature, bien plus tactique (même si c’était déjà présent auparavant) et débarrassé de son inable arrogance mal placée, il est une anomalie dans son propre manga : personnage le moins intéressant pendant les meilleurs arcs de la première partie, il devient le meilleur personnage des pires moments de la deuxième.