Nymphéas noirs, l’adaptation en bande dessinée du célèbre roman de Michel Bussi, c’est un peu comme visiter Giverny, mais avec un meurtre en toile de fond. Fred Duval et Didier Cassegrain nous prennent par la main pour une balade entre fleurs de nénuphars et mystères opaques, et attention, derrière chaque pétale pourrait bien se cacher un indice (ou une fausse piste, soyons honnêtes).
Dès les premières pages, on est happé par une ambiance à couper le souffle. Le trait de Cassegrain est tout simplement sublime : des cases qui semblent peintes directement dans les eaux calmes de l’étang de Monet. Les couleurs oscillent entre la lumière éclatante d’un été normand et les ombres menaçantes d’un mystère qui s’épaissit. Si vous aimez les BD où chaque page mérite d’être encadrée, vous serez servi.
Mais ne vous laissez pas berner par cette apparence bucolique. L’histoire, elle, est un véritable labyrinthe narratif. Entre trois femmes – une fillette curieuse, une institutrice rêveuse et une vieille acariâtre – les secrets affluent comme les reflets changeants sur l’eau. Bussi et Duval jouent avec les attentes des lecteurs, construisant un polar à la fois tortueux et magistralement orchestré. Préparez-vous à vous demander qui ment, qui trahit, et qui, bon sang, a bien pu assassiner ce type !
Ce qui fait la force de Nymphéas noirs, c’est aussi son écriture. Les dialogues sont percutants, les personnages vibrants, et les retournements de situation, oh là là, ne me lancez pas là-dessus. Laissez-moi vous dire : si vous pensiez avoir compris l’affaire à mi-parcours, spoiler alert, vous êtes probablement à côté de la plaque. C’est le genre de récit où chaque détail compte, chaque regard, chaque mot susurre un nouvel indice ou une nouvelle manipulation.
Alors, oui, certains pourraient trouver le récit un peu trop alambiqué, voire frustrant par moments. Mais c’est justement ça qui rend cette œuvre si captivante : une histoire qui ne se laisse pas dompter facilement, qui exige qu’on plonge tête la première, quitte à ressortir trempé d’interrogations.
En résumé, Nymphéas noirs est une perle rare, un polar graphique aussi séduisant que retors. Avec son écriture ciselée, son dessin enchanteur et ses révélations renversantes, c’est une invitation à plonger dans les eaux troubles d’un mystère fascinant. Méfiez-vous des reflets : tout ce qui brille dans cet étang n’est pas or, mais ça vaut le détour.