P.T.S.D.
7.4
P.T.S.D.

BD franco-belge de Guillaume Singelin (2019)

Post-Traumatic Stylistic Disorder

P.T.S.D. de Guillaume Singelin, c’est comme une claque visuelle et émotionnelle qui te laisse groggy, mais étrangement apaisé. Imagine une héroïne badass avec des cicatrices aussi profondes que son é, errant dans un monde dystopique où tout sent la friture, la sueur et les rêves brisés. Ajoute à ça un graphisme qui pourrait être le fruit d’un amour fou entre un manga et une BD indé, et tu obtiens un cocktail explosif qui te secoue comme un shaker émotionnel.


Jun, l’ancienne combattante qui a troqué son uniforme militaire contre un hoodie troué, mène une vie de marginale dans une ville qui ressemble à un Chinatown sous stéroïdes. Elle se bat contre ses démons intérieurs, armée de son casque audio et de ses coups de poing bien placés. En gros, c’est une guerrière qui te dit : "Ouais, la douleur est là, mais t’inquiète, je gère." Sauf qu’en vrai, elle gère pas toujours, et c’est là que l’histoire touche au cœur.


Le dessin de Singelin, c’est un festival pour les yeux. Des couleurs saturées qui explosent à chaque page, des détails foisonnants qui transforment chaque ruelle et chaque bol de nouilles en œuvre d’art. Les personnages sont expressifs, presque cartoonesques, mais ça ne retire rien à l’intensité des émotions. Au contraire, ça amplifie tout. T’as l’impression de vivre dans ce monde étouffant et lumineux à la fois, où la douleur côtoie des instants de grâce silencieuse.


Côté scénario, P.T.S.D. joue sur une corde sensible : la reconstruction. Ce n’est pas une histoire de vengeance classique, mais une quête de résilience. Jun affronte ses traumatismes, mais aussi un monde qui laisse peu de place à ceux qui reviennent de l’enfer. Les thèmes sont lourds – le stress post-traumatique, l’isolement, la violence –, mais Singelin les traite avec une délicatesse surprenante, entre silences éloquents et dialogues percutants.


Certains pourraient dire que le rythme est un peu inégal, avec des moments contemplatifs qui ralentissent l’action. Mais honnêtement, ces pauses sont nécessaires. Elles permettent de respirer, d’irer les décors et de s’immerger encore plus dans l’univers. Et puis, qui a dit qu’une bonne histoire devait être linéaire ?


En résumé, P.T.S.D. est une œuvre qui frappe fort, aussi bien par son esthétique que par son message. C’est un hommage à ceux qui se battent avec leurs propres ombres, une fable urbaine pleine de douleur et d’espoir, servie par un dessin qui brûle la rétine et caresse l’âme. À lire pour se perdre dans un chaos visuel et émotionnel, mais en ressortir grandi.

8
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le 24 janv. 2025

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CinephageAiguise

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