Pilules bleues
7.9
Pilules bleues

BD de Frederik Peeters (2001)

Pilules bleues par iori

En voyant le nom de l’auteur, j’ai pensé à un autre Peeters, Benoit, celui des cités obscures, mais j’ai vite compris que la ressemblance s’arrêtait au nom de famille.


Ici Frederik Peeters se raconte: Fred est jeune, attiré par une fille qu’il croise plusieurs fois, en nous faisant comprendre qu’elle va avoir de l’importance par la suite, et puis un jour Elle est là.
Elle, et sa maladie.
On découvre sa tragédie et ses implications en même temps que l’auteur/narrateur, et l’identification est totale.
On souffre avec eux, on doute, on pleure, on rit, on sourit de certaines hésitations du début, parce qu’il y des questions universelles, ou au contraire parce qu’on a déjà appris la réponse à d’autres, comme une leçon obligatoire.


Comme beaucoup, je suis pile dans la “génération sida”: le virus a été identifié à l’époque où je naissais, j’étais au collège lors de la médiatisation du VIH, le premier sidaction, les reportages, les campagnes de sensibilisation à l’école… je crois faire partie de la première génération qui a grandi en en sachant plus sur cette maladie que sur la grippe.
C’est comme si on m’avait enseigné le VIH au même titre que les théorèmes de math, les dates historiques, ou le nom des villes japonaises. J’ignore si on en parle encore autant aux collégiens qu’à mon époque d’ailleurs.
Du coup, lire pillule bleues c’est comme si je faisais un rappel de vaccin: comme une alerte, un “coucou c’est encore là”, et ça fait froid dans le dos.
Ça fait mal et en même temps c’est nécessaire de lire ce genre de récit, de se rendre compte des peurs de l’auteur, du nombre de choses qu’on peut raconter en peu de pages: les hauts, les bas, la paternité, l’enfant malade, les hôpitaux, les médecins, l’entourage, et l’envie de vivre, de s’aérer, de partir.
Montrer qu’une vie avec le VIH c’est compliqué mais possible, ça fait du bien, ça rappelle que les personnes séropositives sont des personnes avant d’être séropositives. Si on a la chance de ne pas être malade (ou d’avoir juste une bête gastro par exemple), on relativise et on se rappelle que même touché, la vie continue à être belle, et que malgré tout un malade reste un humain avec ses sentiments, ses doutes, ses faiblesses, et ses espoirs, et des gens à aimer ...

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le 16 nov. 2016

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iori

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