Le tome 5 de "Pluto" voit Urasawa se concentrer sur les aspects les plus psychologiques de son récit, lançant ses personnages à la recherche de sentiments extrêmes en eux - la haine pour l'inspecteur Gesicht, la tristesse pour la petite sœur d'Astro -, sentiments fondateurs de leur "humanité" (car bien entendu, ce sont des robots !). On peut trouver des accents "shakespeariens" aux différentes tragédies, souvent ultra-violentes, qui composent la trame de "Pluto", mais le talent suprême de Urasawa s'exprime avant tout dans sa maîtrise de la narration et sa science du "découpage", toujours très cinématographique. Le seul bémol que je mettrais, c'est que l'aspect franchement SF du monde de "Pluto" (l'héritage de l'histoire originelle de Tezuka) rend "Pluto" moins proche de nous, moins émotionnellement dévastateur que "20th Century Boys"... A moins qu'il ne s'agisse avant tout de la "distance" imposée par le rythme de parution des différents volumes : il faudra sans doute relire tout "Pluto" à la suite, une fois sa parution terminée, pour mieux le mettre en perspective au sein de l’œuvre globale de Urasawa. [Critique écrite en 2010]