Quai d'Orsay, un chef d'oeuvre dans son genre

Relire en ce 11 novembre 2018 le premier tome des Chroniques dipomatiques par Blain et Lanzac, c'est quelque chose.
Alors qu'on commémore la fin d'une hécatombe, que depuis 2003, les guerres au Proche Orient se multiplient avec une envergure inégalée, déstabilisant tout un continent et menant à des exactions terroristes, cette BD écrite et dessinée en 2009 et 2010 m'impressionne par sa mise en scène, ses onomatopées et borborygmes.
Le dessin nerveux de Blain correspond à merveille pour donner ces impressions feutrées et accélérées dans les couloirs du Ministère des affaires étrangères., la nervosité intense qui habitent les conseillers, dircab et ministres. Les fonds blancs et décors des grandes salles du quai d'Orsay se laissent tour à tour la place, donnant ce ton d'importance ou de solennité, de confort ciré ou l'on entendrait presque les chaussures lustrées couiner sur ces parquets briqués.
Les protagonistes sont brossés de traits de caractères : le ministre Taillard de Vorms (représentant Villepin) en grand et robuste bonhomme aux épaules carrées et relevées, aux mouvements vifs et précis (mention spéciales à ses mains qui sont un personnage à part entière), le dircab Claude Maupas, toujours au bord de l’épuisement et pourtant toujours apaisant, calmant les situations les plus graves, et enfin Alexandre Vlaminck, narrateur de l'histoire, dont nous suivons le plongeon dans cet îlot qu'est le quai d'Orsay, où il apprend au fur et à mesure les codes, les coups bas et à tirer son épingle du jeu.


Les "intrigues" s'enchainent avec vagues, telle une symphonie (dont le ministre parle à un moment en citant en référence Tintin et le sens du rythme).


Cette BD donne à la politique toute ses lettres de noblesse tout en montrant un monde avec ses langages, ses codes et un fourmillement dont nous ne percevons que le résultat par des discours ou interventions dans les médias, où l'on viendrait presque à regretter cette époque où un ministre des affaires étrangères a prononcé un discours plus que marquant dans les esprits, allant à l'encontre de l'hégémonique USA...
à lire, relire et re-relire !

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le 11 nov. 2018

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essylU

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