Colonie sacrifiée

Intitulé Les liens du sang, le premier tome de la nouvelle série de comics Alien avait le grand mérite d'explorer des aspects méconnus de la mythologie Alien, en redéfinissant notamment le contexte géopolitique terrestre contemporain aux aventures de Ripley, en approfondissant sa mythologie et son bestiaire, et en nous donnant un aperçu plus étudié du fonctionnement de la fameuse Compagnie. Tout cela avec l'ambition du scénariste Phillip Kennedy Johnson de proposer une approche alternative à la chronologie cinématographique.


Paru quelques mois plus tard, le second tome, intitulé Renouveau, réussit à faire aussi bien sinon mieux. Il s'agit pourtant d'une intrigue indépendante, aux nouveaux protagonistes, et qui ne se situe pas dans la continuité directe de celle du premier tome, mais vingt ans après les événements survenus (soit trente après ceux survenus dans le film Aliens). Sur la planète Eurydice, une communauté de colons religieux organisés en une sorte de secte prônant le retour à une vie débarrassée de la technologie (et donc des êtres synthétiques) a reçu des Amériques Unies la promesse que la planète leur appartiendrait s'ils réussissaient à la terraformer. L'union souhaitant ainsi s'extraire de l'influence de la Compagnie Weyland-Yutani qui garde le monopole dans les techniques de terraforming. Vingt ans après, grâce au travail de ces colons, la planète est devenue entièrement habitable, et ses habitants attendent la date anniversaire qui verra les AU leur céder officiellement leurs droits sur la planète. Las, un vaisseau de la délégation officielle des AU s'écrase près de la colonie. Ce n'est que quelques heures plus tard que les premières victimes sont découvertes. De toute évidence, le vaisseau contenait (sans surprise) des xenomorphes. Ces chers xeno toujours aussi bougons et "en manque de caresses". Libérés sur la planète, ils zigouillent à peu près tout ce qui ressemble à un humain. Reste à savoir si le crash était dû à un accident où aux plans machiavéliques des décisionnaires de la Compagnie, pressés de tester leur arme biologique sur un astre isolé et lointain.


Rien de bien nouveau semble-t-il, au vu du pitch. Et pourtant, un peu comme dans le premier tome, l'intérêt de ce second volume réside dans les quelques idées originales qu'apporte le scénariste à son intrigue : une héroïne valeureuse dont la maladie l'immunise contre une tentative de fécondation par un facehugger, des êtres artificiels qui ont infiltré la communauté humaine en jouant durant des décennies les espions pour la Compagnie, l'évocation d'un dogme anti-technologique (on se rapproche des bagnards sectaires d'Alien 3 et de la défiance qu'inspirent les androïdes aux héros de la saga) ouvrant sur un conflit homme-machine qui semble de plus en plus sur le point d'éclater. Pour le reste, beaucoup d'action, de trahisons et de violence dans une intrigue parfois référentielle (dans le traitement du personnage d'Ambrose, en écho à Ash et David des films) mais plutôt bien menée, malgré, là encore, la même incohérence que dans le premier tome : le scénariste ne tire aucune incidence du sang acide des xenomorphes, si ce n'est pour l'utiliser en bout de course comme un beau prétexte à une facilité narrative. Un défaut qui s'avère néanmoins sans grande importance sur l'intrigue, laquelle se révèle particulièrement accrocheuse malgré une exposition un peu longuette, et soutenue par les superbes dessins de Salvador Larroca, probablement un des meilleurs artistes à avoir jamais illustré cet univers.


À noter que ce second tome contient également une seconde histoire, plus courte, et qui raccroche les wagons avec celle du premier tome puisqu'on y retrouve le même protagoniste, Gabriel Cruz, quelques années avant les événements survenus sur la station Epsilon. Alors officier servile du corps des space marines, Cruz est envoyé par la Compagnie sur un vaisseau d'opposants où il sera chargé d'infiltrer un hôte infecté par le parasite. Mais les choses ne se dérouleront évidemment pas comme prévu. L'intrigue, assez basique, donne la part belle à un personnage d'androïde de combat dont on découvre peu à peu sa fascination pour le xenomorphe ainsi que son lien avec l'équipage du Nostromo du premier film. Un appendice intéressant à savourer comme un inquiétant écho au chef d'œuvre de Ridley Scott. D'autant plus que les dessins de Larroca sont toujours de toute beauté.


Du tout bon et de quoi donner envie d'en découvrir plus.

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le 2 mai 2025

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Buddy_Noone

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