La couverture est superbe, l'héroïne prometteuse. On espère se retrouver avec une version modernisée et motorisée de la Femme scorpion et se laisser emporter dans des intrigues de yakuzas et d'assassins sans pitié.
C'est un peu ça... mais l'héroïne est tellement peu présente dans un manga qui pourtant porte son nom, qu'on reste vraiment sur sa faim au bout de 250 pages qui ressemblent plus à un prologue, voire un brouillon d'histoire, qu'autre chose.
Ryuko est un peu foutraque à tous les niveaux. On peut ne pas aimer le style de l'auteur (qui semble avoir un faible pour les grands nez par exemple), mais il est indéniablement doué. Le trait, le noir et blanc, les textures, sont souvent séduisants. En revanche, à la moindre scène d'action, les planches deviennent rapidement illisibles. Il faut souvent s'y reprendre à trois fois pour comprendre ce qui se e, qui frappe qui, et comment. C'est un style, la beauté des dessins n'en est pas forcément diminuée, mais quand ceux-ci ne veulent plus dire grand-chose, certaines planches peuvent paraître vaines.
Concernant l'intrigue, les 250 pages (plus ou moins), s'avalent rapidement, du fait du faible nombre de cases (de 1 à 3 souvent) par page. Et l'histoire ne progresse pas vraiment. Un peu comme avec Ghostface, l'auteur fait des allers-retours constants entre é et présent et trouve même le moyen de consacrer un quart du manga au background d'un garde du corps, quand il ne se perd pas dans la multiplication un peu artificielle des factions en présence (rebelles du Moyen-Orient, Russes, mercenaires, autres rebelles, clans Yakuzas ennemis, triades chinoises, maman, papa, son frère, la fille de Rachid... ou de son patron... bref).
Quand il revient sur l'héroïne, ce n'est pas plus convaincant, ses actions étant souvent traitées de manière elliptique et entrecoupées d'autres flashbacks. Pire encore, le tout dernier chapitre est quasiment un retour à la case départ en terme d'intrigue.
On se retrouve donc face à une galerie de personnages furieux, qui ne se rendent pas compte qu'ils font du sur-place. "Du Rififi chez les yakuzas" aurait été un titre plus fidèle au contenu.
Restent ces quelques planches en beau noir et blanc, ces personnages stylés qui débarquent de la fashion week, et des décors urbains prometteurs. En espérant que l'histoire du tome 2 soit un peu plus aboutie.