Encore un qu’on pourrait appeler album de transition : ça fait son deuil, ça panse ses plaies, ça se castagne un peu entre ceux du même camp, et Rick suit le conseil de Negan : si tu veux la paix chez toi, prépare la guerre à l’extérieur. C’est probablement ce qu’il y a de plus marquant dans vingt-cinquième volume, pour dire à quel point Sang pour sang n’a rien d’inoubliable. (Au age, il est assez amusant qu’une fiction états-unienne place dans la bouche d’un villain cette maxime si souvent mise en application par les États-Unis dans leur histoire récente…) Alors que l’action dans les meilleurs albums se répartissait presque parfaitement entre dénouement de sous-intrigues ées et préparation de sous-intrigues à venir, celui-ci fait la part belle aux secondes, au détriment des premières.
Par ailleurs, même les éléments scénaristiques que l’on n’a pas encore lus dans Walking Dead (mettons Lydia bannie pour être sauvée), on a l’impression de les avoir déjà vus ailleurs. (Et encore, qu’un personnage soit mis à l’écart pour ne pas être victime expiatoire de ceux de son propre camp n’est peut-être qu’une variation autour du thème de la sécurité derrière des barreaux qui donnait son titre original au volume 3. En tout cas la situation de Lydia est à rapprocher de celle de Negan, dont la cellule a aussi valeur d’abri.) Alors Sang pour sang n’est peut-être pas profondément chiant, mais n’apporte pas non plus grand-chose de nouveau.
C’est peut-être l’occasion de souligner à quel point la série tout entière baigne dans une anthropologie assez noire, finalement assez représentative d’une forme de pensée politique dans laquelle baigne notre société occidentale. Les humains sont incapables de s’entendre sans recourir au commerce ou, par défaut, au charisme d’un chef. Autrement dit, si leur survie n’est pas guidée par l’assouvissement d’un intérêt bien compris, elle est le fruit d’un comportement irrationnel source de conflits : la circulation de marchandises entre communautés ne pose pas problème dans Sang pour sang, mais c’est l’exercice du pouvoir qui engendre des dissensions entre individus, comme si la politique était uniquement susceptible de perturber l’économie.
Et l’horreur suscitée par le bain de sang qui éclaboussait la fin du volume précédent était accentuée non seulement par son caractère gratuit, mais aussi par le fait qu’il ait pris pour prétexte une foire – un rassemblement commercial, c’est-à-dire théoriquement pacifique. D’ailleurs, les chuchoteurs n’ont pas de marchandises. Ils violent les jeunes filles et les lois du commerce.
Critique du tome 24 là.