S'enfuir de Guy Delisle pourrait décevoir ceux qui recherche une bd aux nombreux rebondissements ou aux graphismes à couper le souffle. Pour illustrer l'interminable attente de Christophe André, Delisle a plutôt misé sur la répétition : même routine, mêmes décors, jour après jour. Menotté sur son matelas, avec seulement des répits pour le repas ou la toilette, les journées sont longues et se ressemblent. Et cette technique est plutôt efficace. On se surprend à attendre avec l'otage et à retenir notre souffle à chaque fois que la routine des ravisseurs se met à changer (oh, un bruit ! peut-être que la libération approche !). Le but de l'ouvrage était de montrer ce que Christophe a vécut pendant sa captivité et c'est plutôt bien réussi : même si on sait dès le départ qu'il s'en sortira (puisque le récit provient de sa propre bouche), on a peur avec lui qu'un ravisseur décide soudainement de l'exécuter ou que les secours n'arrivent jamais. Après quelques chapitres, correspondant aux journées de captivité, on se synchronise avec le rythme lent de récit. J'avoue avoir lu la dernière moitié de l'ouvrage d'un seul trait, ne pouvant plus résister à vouloir connaître la fin.