Septembre rouge - Jour J, tome 3
6.1
Septembre rouge - Jour J, tome 3

BD franco-belge de Florent Calvez (2010)

Wake me up when september ends

Et si l'Allemagne avait réussit son plan Schlieffen en 1914, et, comme espéré par les stratèges du Kaiser, vaincu la aussi rapidement et facilement qu'en 1870. Que se serait il é ensuite pour l'Hexagone, et pour cette première guerre mondiale ? Le pitch de cet épisode de Jour J est un questionnement ambitieux, et, comme expliqué en épilogue, pas si fantasmé que cela, car les Français ont miraculeusement stoppé aux portes de Paris en septembre 1914 l'inévitable progression impériale initiée depuis les premiers jours du conflit.


Le scénario s'est appuyé sur la personnalité de Georges Clémenceau pour imaginer ce scénario alternatif... et ils ne se sont pas foulés, appliquant au Tigre un destin Gaullien, expatrié de la métropole pour mieux continuer le combat depuis les possessions coloniale de l'empire Français. A quelques nuances près, "Septembre rouge" nous présente une " Libre", le terme est employée dans la BD, très semblable à celle de la seconde guerre mondiale. La couverture en elle même rappelle les images de juin 1940... Champs Élysée, uniforme gris... à la nuance du drapeau arboré par l'occupant. Cette couverture m'intriguait, et j'étais finalement curieux de découvrir une vaincue de 1914, mais hormis quelques cases de flashback, point de représentations d'une , sinon occupée, du moins istrée par un gouvernement fantoche (bonne idée que le rétablissement d'une royautés pro-allemande, mais qui tient en deux cases).


Mais comme souvent dans Jour J, la petite histoire racontée s'éloigne vite des sentiers entrevus dans le pitch. Il ne sera pas question de savoir ce qu'est devenue l'armée française (un peu plus sa Marine heureusement), ni à quoi ressemble la vie à Paris, ni comment le gouvernement évacué poursuit le combat... dans l'univers vide de cette histoire, les combats semblent s'être arrêtés, et les années défilent (1917 déjà) sans qu'il ne se e grand chose. On apprend juste que la Russie se bat toujours, mais qu'elle est sur le point de signer l'armistice, ce qui conduirait, selon Clémenceau, au coup de grâce pour la Libre devant des troupes allemandes enfin concentrées.


Là, les auteurs commencent à partir en vrille. Sachant qu'en vrai, l'Allemagne se battant sur deux front a fini par imposer ses conditions de paix à la Russie dès le début 1917, une Allemagne n'ayant plus à se battre sur le front de l'ouest aurait du, comme elle l'espérait dans ses plans d'avant guerre, balayer la Russie depuis bien longtemps (Les Allemands n'envisageaient pas une guerre d'usure, donc ils se sont lancé dans le conflit avec l'idée d'en finir vite fait bien fait). Bref, tout le contraire de ce scénario uchronique. Il me semble pourtant que l'uchronie est plus belle quand elle est plausible, et présente un scénario certes fictif, mais vraisemblable ?


J'ai donc été déçu de ce déroulé, en concédant que la petite histoire d'association forcée et de road movie entre l'anarchiste ennemi public numéro 1 et le flic des brigade du Tigre propose un angle original, qui fonctionne mieux que je ne le craignait, et assez amusant, notamment par la gouaille de Jules Bonnot. Pourtant, il ne se e pas grand chose dans ce tome 1, les deux héros n'arrivent même pas en Russie ! Ils n'ont même pas pénétré la frontière allemande au moment de la dernière page !


Autre aspect de fainéantise, l'introduction artificielle de figure historique un peu perdues dans ce récit. Tito en légionnaire français sur les plages de Marseilles, ou René Fonck, as de la chasse (sachant que les combat aériens sont nés au dessus des tranchés en 1916, comment a-t-il pu, lui et le baron rouge dans son Fokker triplan, devenir as de la guerre aérienne dans cet univers privé de combats ?), qui comme par hasard sert de pilote à nos deux compères. Les personnages, véhicules, la société croisée dans cette histoire ressemblent trop à la véritable année 1917, alors que ce monde n'a pas connu l'enfer des tranchés. C'est ridicule. Je suis plus tolérant, et intéressé par le vivier d'anarcho communiste grouillant en Suisse, mais vraiment, cette 1ère guerre mondiale alternative me parait vraiment très paresseuse, alors que j'avais de grosses attentes sur cet univers original.


Le dessin est moyen, mais surtout, très figé, dès les premières pages, une scène de bagarre dans un bar à Algers nous est montré... que c'est raide, alors que les cases sont censées montrer des coups une scène de boxe française, le héros apparait immédiatement ridicule à cause d'un manque flagrant de fluidité. Les visages des personnages sont assez ingrats, surtout Jules Bonnot qui présente souvent des traits de rongeurs. Les paysages sont mieux traités, mais j'attends un graphisme plus engageant (moderne ? ou au moins avec une patte plus personnelle) pour apprécier une BD.


Je lirait quand même le tome II, qui ne peut être que mieux et présente un certain potentiel, en raison de ce plan de Clémenceau de précipiter la fin du régime Tsariste pour éviter la capitulation Russe. Mais au fait, dans notre véritable histoire... les Bolchéviques arrivés au pouvoir après l'Octobre Rouge n'ont ils pas signé avec l'Allemagne la paix de Brest-Litovsk ?


Bref... je la sent mal cette uchronie...

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le 19 mai 2016

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Dauntless

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